Docteur Chance – Le jeudi 7 mai à 20h30 à Utopia Pontoise

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LA TOILE DES LECTEURS – Le jeudi 7 mai à 20h30 à Utopia Pontoise
tout spécialement destinée aux rockers et aux nostalgiques de la scène des années 80/90 mais aussi aux punks en herbe en présence du photographe Rafaël Rinaldi, du réalisateur FJ Ossang, leader du groupe MKB Fraction Provisoire et du mythique Marsu, ancien manager des Béruriers Noirs, fondateur du non moins mythique label Bondage Records. Alors petit agité, réveille toi et viens donc…

DOCTEUR CHANCE

Francois-Jacques Ossang – 1997 1h37mn – Avec Elvire, Féodor Atkine, Pedro Hestnes, Stéphane Ferrara, Marisa Paredes, et le regretté Joe Strummer (le chanteur des Clash)…

Du 07/05/15 au 07/05/15

DOCTEUR CHANCEPour F. J. Ossang, le compteur de l’Histoire est resté bloqué quelque part entre 1978 et 1982. Et alors ! Quoi de plus noble que de rester fidèle à ses idéaux de jeunesse ? D’autant plus que ce cinéaste franc-tireur creuse ici encore plus voluptueusement un sillon amorcé avec ses deux premiers longs métrages. Après les Açores hallucinées de son Trésor des îles Chiennes, certes un brin hermétique, cet infatigable baroudeur de l’ailleurs nous embarque pour une virée éperdue sur les pistes sans fin du Chili : un film noir brillamment syncopé, aux couleurs épurées, en forme de road-movie. Continuateur de la tradition moderne du récit policier telle que l’édicta le sarcastique Godard, Ossang est un peu l’enfant bâtard de la Nouvelle Vague et de la new-wave années 80 elle-même influencée par l’avant-garde russe.

Il résulte de ces filiations croisées un polar poétique, fort bien filmé et rythmé, où les clichés du genre sont pris au pied de la lettre, et où la sonorité des mots et des phrases importe plus que leur sens, plus même que l’intrigue. Intrigue qui prend appui sur un récit très classique : quelque part en Amérique australe, un nommé Angstel (Pedro Hestnes), Billy the Kid punk gâté par sa mère Milady (Marisa Paredes) qui dirige un réseau de trafiquants, est engagé dans une combine de faux tableaux. Aux prises avec des tueurs, Angstel rencontre au passage une élégante prostituée, dont il devient l’amant. Ensemble, ils vont braver les vents contraires du destin et fuir jusqu’à la frontière… Enfin, tout cela importe peu. L’essentiel, c’est la grâce avec laquelle Ossang enchevêtre des scènes d’une préciosité baroque­ et les épisodes plus mouvementés d’un périple suicidaire en auto (Porsche ou Buick), puis en avion.
Capharnaüm artistique qui participe du plaisir gourmet du cinéaste, accumulant les citations, enjeux majeurs du dialogue. Ossang témoigne ici d’un goût irraisonné pour la musique du langage. D’où des dialogues qui semblent truffés de rimes : « J’ai récupéré la came, j’ai deux heures d’avance sur le programme », dit Angstel. En restant dans ce registre ludique de l’énonciation, Ossang retrouve la magie obsolète des romans d’espionnage ou des BD de notre enfance. « C’est Runaway Bay qui recommence ! » vaut bien « Le Manitoba ne répond plus ». L’aura du loser magnifique, pierre de touche du rock, plane sur cette épopée pulsatoire, bercée par les accents industriels de Messagero Killer Boy, le propre groupe du cinéaste depuis 1980­, et quelques litanies idoines signées Nick Cave, le Gun Club ou les Stooges.

Avec cette aventure destroy aux confins de la cordillère des Andes et du désert d’Atacama, F. J. Ossang ressuscite l’avant-garde romanesque des années 20, revue et corrigée par la contre-culture électrique, par la pose naïve et poétique

(Victor Ostria, Les Inrockuptibles)

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