dossier
QUAND LE PPA PIÉTINE LE MONDE DU TRAVAIL

 

LE MONDE SABRE LES GRÉVISTES

Lors des grandes grèves de 1947-48, le « socialiste » Jules Moch fit donner la troupe contre les travailleurs sardons. En novembre-décembre 1995, le gouvernement se contenta de lâcher la presse : aux ordres sans qu’il soit besoin de lui en donner, elle défaillit d’extase à l’annonce du plan Juppé. Le Monde, cornaqué par Ramina (alias Jean-Marie Colombani) et le « plagiaire servile » Alain Minc, avait donné le ton dès le mois de septembre dans un éditorial qu’Edouard Balladur fit encadrer sous son baldaquin : « Édouard Balladur avait eu le courage de lancer, en respectant sa méthode de concertation avec les partenaires sociaux, une réforme. […] Son successeur sera obligé de prendre le relais » (24-25/9/95) Militant d’« Une révolution nécessaire pour les services publics » (QVM, 12/10/95), Frédéric Lemaître écrivait : « L’introduction de la concurrence apparaît inévitable dans la plupart des secteurs, en particulier les transports et les télécommunications. » Or l’existence d’entreprises publiques menaçait d’entraver les licenciements, une perspective qui terrifiait Arnaud Leparmentier : « Les salariés vont conserver leur statut de fonctionnaires, ce qui empêchera l’entreprise de procéder à des plans sociaux. » (QVM, 03.04.97). La fermeture de l’usine de Renault Vilvorde, dont l’État était actionnaire majoritaire, apaisa un temps la frayeur d’Arnaud, et le QVM acclama les 3 000 suppressions d’emplois : « Renault va mal. Il lui faut dans l’urgence réduire ses coûts et le nombre de ses usines en Europe pour les spécialiser par modèle. Dans ce cadre, le site de Vilvorde n’est pas compétitif. » (Éric Le Boucher, QVM, 01.07.97) Un an plus tard, Pierre-Antoine Delhommais rendrait grâce à « La dure et juste loi des marchés financiers » (QVM, 17.09.98). Mais Leparmentier s’impatientait : « Personne ne paraît là non plus très pressé de remettre en cause ses habitudes, qu’il s’agisse du droit de grève, de la protection contre le licenciement, du salaire minimal, etc. » (QVM, 3-4.06.99)

L’aversion des journalistes du QVM pour le droit de grève n’a d’égale que la détestation de Mouchard pour la vérité *. Les salariés les moins soumis, comme ceux des transports ferroviaires, bénéficient d’un traitement au canon. Un « mouvement caricatural », peste Lemaître censé informer sur une grève déclenchée à la SNCF par SUD, car « cette grève rappelle toutes les dérives dont est capable un syndicalisme catégoriel » (04.05.99). Un article d’illustration était délicatement intitulé « Ils font la grève comme moi je pisse »…

Tout comme le Journal du Dimanche avait titré « Ces grèves qui menacent nos fêtes » (28.11.99), Le Monde annonça en « une » et sur quatre colonnes : « SNCF : la grève le jour des vacances » (07.04.01).

* Lire PLPL n° 9 : « Laurent Mouchard ment ».
    

La suite du dossier...