7.

   Dans les marais en fièvre, les guéridons de fer. Au pied du pylône, les grands guerriers ne distinguent plus que l’ombre tremblée du fuyard. Des sifflements derrière ; les cris ; la tribu salive. Enfoncé jusqu’aux reins dans la fange et le moût, l’orpailleur avale les pépites. C’est bientôt l’heure des feux, des lourds filets. Courir, hésiter entre la morsure du gel et la meute qui traîne son brouillard ; courir sans faire mousser l’eau, la moire trompeuse, sans claquer des dents ; courir, serrer le cul, refouler la chiasse, le butin.

   S’offrir un plongeon sous les guirlandes défraîchies du hangar. Il y a, sur l’estrade, des corps en mouvement, le guinche des guêpières. Essuyer les petits caillots jaunes, tendre les doigts, roides, sans gâchette. Le lamé frangé des tangos, les rails des bas couture. Des pouffiasses, poignets tatoués, sentent l’auge et le foin. Le fugitif carambole les chaperons. L’estomac distille l’ammoniaque, le mégot froid, la fortune. Trois pas en avant…

 

 
 
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