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Christophe Petchanatz

  Lisaine.

 

 

Christophe Petchanatz

 

 

 

(extraits)
Le manuscrit complet est perdu

dans la chambre, vitrine peu profonde, fossiles, coquillages, je dessinais de petits bonhommes. La tête c’est un rond, le corps les bras les jambes, un trait.

indescriptible état de clandestinité (comme du parapet pousser lentement la poignée de graviers)

à la sortie, cette fille hâlée dont on voyait surtout les dents, le blanc des yeux, toujours à courir comme pour attraper de quoi survivre. Nous inversâmes les rôles, martèlement des brodequins derrière la butte du transformateur

ces murs en équilibre pour aller nulle part, écornifler la vie étale d’une prairie l’été au bras de la rivière, la vase, la boue, hernies des chambres à air, remonter la berge visqueuse, goûter. À la maison, cruche limpide où le képhyr, petites bestioles, une rondelle de citron

ce soir malade de l’autre côté de la cloison, le mal de ventre

claquer la porte sans raison, monter, descendre lourdement les marches, dévisager les passants, ils partent en morceaux, les femmes, un peu de rose aux joues, les pendentifs comme des châtiment et l’envie de tirer — clac — un léger trait de sang et le rire qui avale la rue alors le bleu cendré de la paupière, le relief deviné des sous-vêtements accordé aux pensées et ces pensées s’allongent en couloirs, passerelles

fouiller la mélasse des papiers collés de pluie, les livres, les pin-up, photos crevée aux yeux, au sexe

l’homme quand je suis rentré, prostré, dans la pièce conforme, les débris, je ne sais plus quels bruits m’ont trahi, ni sous quels pas se brisent les ampoules, ni quelles veines leur étaient destinées, ainsi de suite

trouver une respiration : moins d’ordre, quelques ramilles, une serre lapidée, un bouquet de sureaux. Là, grimper sur un tas, se hisser, chanceler quelques pas sur le faîte du mur et

j’imaginais que c’était du sang, et la tige de fer où s’attache la corde, gelée, en pleine poitrine, souffle coupé j’ai pensé que quelque chose avait cassé

s’attarder dans les taudis glacials, main sur la poignée de la porte, écouter en souriant et en hochant la tête. Dehors, le gris de neige, partout de la fumée, le brouillard, dans une camionnette

je me suis accroupi, je me demande s’il n’est pas mort, cela arrive. La peau devient moite et froide et parfois une mouche se pose et ce qui est horrible c’est que ce gros visage se laisse faire, n’a plus un frémissement, rien

à suivre ce parcours il semble que les murs titubaient, donnaient quelques bourrades

et si je continue tout droit il y aura la villa, villa en construction depuis des ans, jamais vraiment finie et tellement habitée. Tout ce ciment, la trace du cordeau sur la façade un jour il y aura le crépi

il s’est tassé au fond de son rez-de-chaussée, tête penchée sur la fumée. Il essaie sur moi des phrases desséchées. Dehors, des camions rôdent — ne pourrait-on ouvrir les volets? Tant de vaisselle dans l’évier, ce rideau fait de capsules multicolores, le réveil enfin, à portée de la main, avec le cendrier, un livre et, du placard à la cuisinière, dans des plastiques, s’entasse le marc de café

pourtant on dirait bien du sable, sec, solide, avec même les traces de petits animaux, et si l’on ne sait pas, imagine le pincement, les habits qui se collent, le bras trop lent, la gorge nue

ce n’était pas avec les mêmes amis que l’on venait ici, ces filles aux maillots humides, sable collé, la peau que l’ongle cherche

et cet autre entre les pilots du ponton, trop tard pour lui, vraiment trop tard, les gens cramponnés aux rambardes, pourquoi tant de précipitation, de bruit? Il dort

crâne lourd et le ciel à l’envers, corde qui suinte après l’averse et ce grillage omniprésent dont les losanges retiennent la tête du chat

de là, en s’accrochant aux tubes, on pouvait descendre sous le pont, ils essayaient de m’inciter mais je ne voulais pas, anxieux sans savoir pourquoi, il n’y a rien à faire, on ne peut pas s’asseoir, rien

je lance le couteau, tu écartes les jambes, ensuite sans comprendre

et le vaste virage, cette fille trouvée nue dans l’escalier, et un soir ce marin à peau noire, très petit, bouche immense dont les mots sans arrêt

je crois qu’ils attendaient que l’on s’en aille ; je crois aussi, comme en un rêve, ce ruban de gazon, des choses accrochées dans les arbres. Je ne suis pas sûr qu’il fallait grimper, si c’était nécessaire [...]

 


Christophe Petchanatz    

 

 
    

  
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