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Bösersach Poèmes 2009 Charles Bösersach 20090829

 
    
  

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— Voici mes seins, tu veux les mordre ?
(dit-elle).

Les doigts
dans le
grille-pain.

(minutieuses
approximations)

M., à qui je demandais
pour le plaisir de la conversation
si elle préfère une petite
bite bien dure ou une grosse un peu
molle répond avec un beau
sourire :
— une bite.

Les chats faux.

Elle a une drôle
de tête on dirait
qu’elle a toujours
du sperme dans la bouche.

Un tube de rouge à lèvres grand
modèle (dildo) ; très grand
modèle (lance roquettes).

Elles sont
nées le même jour, la même
année et pourtant l’une est deux
fois plus âgée que l’autre

L’une est née il y a deux heures, l’autre
il y a quatre heures.

Elle se trouve
moche elle n’aime pas
ses fesses, plus rien
ne va : baise-la, traite-la comme
une chose et surtout : encule-la, vénère
son cul et reviens-y sans cesse,
bourre lui l’intestin— plus rien
ne sera comme avant : elle viendra
vers toi en rampant, à reculons,
soumise et fière (son cul :
le centre du monde)

Le slip
qui grouille.

Jouir : ouïr le jour.

Half ass lip…

En général je ne
réponds pas au téléphone, surtout
si c’est toi qui
appelle.

« Le vice roi », admirable
ambiguïté d’une si courte phrase.

L’avide Brian.

J’en ai souvent
aux chiens
(on me le reproche parfois) ; j’en ai
surtout à leur stupide humanité.

Avec sa bouche il
imite le son d’une trompette ; cocasse, il sifflote,
déclame, improvise
— tout le monde s’en fout.

L’échafaud facho
fauche et chauffe.

Entre devins.

Ce vieux qui
à la supérette
gêne le passage
figé il examine le plan
d’évacuation.

La vie :
nasse.

Je n’achète plus
de pain :
ça fait des miettes.

La mère est encore bonne ;
la fille — bientôt.

« Plaisir des yeux, moins
cher que gratuit » — comment leur faire comprendre,
à ces marchands, que
leurs produits sont moches, sans
intérêt, chers, et leurs
méthodes ridicules et insupportables ?

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