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pointj.gif (73 octets) JOURNAL MALADE
Avertissement
Ces textes érotiques de C. B. peuvent choquer les âmes sensibles et sont contre-indiqués, dans la plupart des législations, aux personnes mineures. Évitez-les si vous êtes dans l'un ou l'autre cas !

      

 

 

 

Charles Bösersach

JOURNAL MALADE

 
 

Semaine du 2 au 8 juillet 2001.

 
 

   

 L.2 juillet

Dîner avec P. J. se tient très mal (en tailleur sur le canapé, avec ce short trop court, un peu lâche — et rien dessous). P. fait celui qui ne voit rien (bonne trogne, l’œil brillant comme mouillé de larmes : il est usé, un peu perdu, poliment optimiste). Je ne parviens même pas à faire prendre un tour scabreux à la conversation.
Cette nuit, punie, J. a dormi sur le carrelage de la cuisine.

 mardi

St-Thomas. Chaleur excessive. Achat d’une rosette. Vendeuse les soupèse avec un air. Ces traiteurs dévoués à la bonne bourgeoisie : employées et patronne obséquieuses, gourmées, fausses délicieusement. Vendeuses comme les denrées : appétissantes et un peu grasses.
Le soir, jeux avec la nourriture (J. peu enthousiaste).

 mercredi 4

Rêvé de L. (nous baisions). J’étais assis au bord du lit, elle sur mes genoux me faisant face. Mes bras entouraient ses reins et elle se penchait en arrière, très cambrée, le plus possible. Profonde pénétration, intense. Je me réveille en train de besogner le matelas, aux côtés de J.
Se finir à la main (jouir sur le ventre de J. — sans la réveiller ; pour quoi faire ?).

(Plus tard) Chaud, moite. Chansons idiotes dans le bus.

 jeudi 5

Dans Events j’ai beaucoup fabulé (au début) pour donner à penser que « j’exerce une activité salariée ». Après coup, je me suis demandé ce qui motivait ou justifiait (ou : excusait ?) pareille initiative. Désir de « paraître normal », leurre subtil destiné à embrouiller les pistes ?

 6 juillet

Toujours pas de nouvelles de M. C'est peut-être perdu. Dommage. J'ai quelques photos, des Polaroïds en situation. Mais ça ne vaut pas l'original. Je m’ennuie, elle me manque (j'étais habitué).

La « belle enculée ». Figure mythologique.

Retour de S. J. dort, la tête sur mon épaule. Je regarde (convoite) les femmes dans le compartiment. Deux. En face de moi : visage trop ovale, tee-shirt à rayures multicolores, lunettes de soleil relevées sur la tête. Elle consulte un classeur sur la couverture duquel est inscrit « dictionnaire des symboles : le dragon » (je n’ai pu lire la suite). Elle prend des notes, sérieusement, qu’elle numérote (de 1 à 12 pour l’instant) d’une grosse écriture ronde de fille. Elle a la bouche petite, étroite, qui m’amène à conclure « elle n’a jamais sucé ». L’autre est brune, l’air plus déluré, plus dénudée aussi. Jeune et déjà dodue. Elle bécote stupidement son ami, un gaillard aux cheveux jaunes. Ne peux me défaire de cette impression de ridicule, d’ostensible décontraction (comme s’il ne s’agissait pas d’un moment d’intimité, comme s’il n’y avait pas les autres voyageurs, autour). Celle devant moi à des bagues à tous les doigts, et quatre ou cinq aux phalangines. Elle lit Tolkien et porte au cou une croix égyptienne (ankh, croix ansée, croix de vie, symbole d’immortalité — mais qu’en sait-elle ?). Elle a baissé sur ses yeux ses lunettes noires. Elle a le nez gros (et la bouche petite).

Plus tard je dis à J. « je n’ai vu que des femmes moches aujourd’hui ». Elle rit.

 samedi

Une jeune femme se présente chez nous (démarcheuse ?). Nous la faisons entrer. L’appartement est très petit et elle ne peut s’asseoir que sur le lit (comme moi chez L., mi embarrassé, mi ravi). Très court vêtue, elle est également très suggestive : proximale (gestes et allusions piquants, provoquants). Très vite je cède, pose ma main sur sa cuisse, remonte. Les documents qu’elle montrait deviennent des dessins pornographiques puis des motifs abstraits — curieusement encore plus chargés de sens. Nous sommes trois : la jeune femme, moi et — J . ?, un autre homme ? Il y a beaucoup de sperme sur le visage de la jeune femme, sur ses mains, ses cuisses. J’ai d’abord craint de jouir trop vite puis j’ai compris que nous avions tout notre temps, que nous pourrions recommencer.

 dimanche 8

Je reviens à la charge (auprès de J.) à propos des dîners que j’aimerais organiser. Réticente (gêne ? crainte ?). Je pourrais imposer, exiger mais je refuse de prendre le risque de mettre à mal cet équilibre qui caractérise notre relation.

L. plus provoquante, plus complaisante également. « Je redoute de m’éprendre de vous » (dit le nain).

   

 

Charles Bösersach

Charles Bösersach  
    

  
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