« Redonner ses titres de noblesse ą l'astrologie, enseigner cet art ą la Sorbonne :  voilą pour quoi je lutte ! »
(source : "Mes combats", site E. Tessier)

   

COMMUNIQUÉ DE L'AFP, 17/04/01

PARIS, 7 avr (AFP) - Elisabeth Teissier a été faite docteur en sociologie, samedi à Paris, avec la mention "très honorable" par un jury présidé par le professeur Serge Moscovici, a constaté l'AFP.

Malgré les vives critiques de plusieurs scientifiques de renom, l'astrologue a soutenu à la Sorbonne une thèse de doctorat en sociologie qui porte sur la "situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés postmodernes".

Le professeur Jean-Claude Pecker, membre de l'Institut, et Jean Audouze, directeur de recherche au CNRS et directeur du Palais de la Découverte, avaient proposé un report et la formation d'un jury spécial en raison des risques de "l'utilisation dévoyée" que l'astrologue pourrait faire de son titre universitaire.

Le jury a félicité celle qui fut l'astrologue de François Mitterrand pour l'importance de son travail, tout en rappelant à plusieurs reprises que l'astrologie n'était pas une science.

Elisabeth Teissier s'est quant à elle défendue de toute "démarche apologétique", expliquant que son travail, "dénué de tout parti-pris", avait porté uniquement "sur le malentendu" que l'astrologie, "connaissance multimillénaire", véhicule "entre l'attraction multiformes et le rejet qu'elle suscite".

Précisant que son souci permanent avait été d'éviter toute subjectivité, l'astrologue a affirmé s'être fondée "seulement sur des faits observables et avérés seulement".

Défendant toutefois à plusieurs reprises la justesse de son art, elle a abordé longuement "le mépris condescendant et ironique de la science des astres depuis 350 ans (...), qui a relégué l'astrologie au rang de barbare et de paria", une image "détestable" de l'astrologie qui repose selon elle "sur un amalgame avec des démarches mercantiles".

L'astrologue en profite d'ailleurs pour dénoncer l'absence d'enseignement universitaire de l'astrologie, une "situation qui entraîne ignorances et abus charlatanesques".

Le jury a été visiblement irrité lorsqu'elle a affirmé que "quand la science disposera d'instruments suffisamment subtiles pour mesurer les vibrations, on aura un tout autre vocabulaire qui désignera la croyance de l'astrologie".

Elisabeth Teissier aborde aussi l'attitude des medias, "épicentre de l'ambivalence fascination/rejet", et insiste sur l'exploitation qu'ils font de l'astrologie "entre sensationnalisme et opportunisme".


Télé 7 jours
(semaine du 21 au 27 avril 2001). Patrick MAHE
Directeur de la rédaction, Patrick.mahe@hfp.fr

Sorbonne

Nous étions bien à la Sorbonne quand Elizabeth Teissier, votre astrologue, a soutenu sa thèse consacrée à "l'épistémologie de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés modernes".

Cette docte assemblée fut, naguère, le saint des saints de la théologie, au Quartier Latin. Dans la tradition du traité "de consciencia" rédigé ici même par son premier proviseur (XIIIe siècle), un honorable jury jugea "en conscience" la somme (900 pages) de la future docteur en sociologie… Et non pas en astrologie comme feint de le croire un carré d'astrophysiciens dépités, à la démarche plus passionnelle que scientifique.

Future docteur donc… Il faut en effet six semaines pour voir homologué le titre auquel le jury vous déclare digne. Jusque-là, pas de confidences. C'est pourquoi, posant sur le perron de la Sorbonne, les bras chargés de fleurs, E.T., comme elle se surnomme elle-même, crinière rousse au vent et à la pluie, se contenta de sourire aux photographes et de prendre congé sur quelques brassées de politesse. Et pourtant, la télévision était là, les ambassadeurs d'Ardisson, ceux de Fogiel, etc. Mais E.T. résista à la tentation. Elle leur opposa un héroïque refus, payant le juste prix de l'autodiscipline réglementaire. Mais attention : dans le quarteron d'astrophysiciens rassemblés comme pour un bizutage, il se trouva un indélicat personnage, mêlé à quelques porteurs de bombes d'encre, heureusement désarmés, qui fit main basse sur le premier tome de la thèse… Ce scientifique trop intègre pour être honnête se retrouva du rang de vigile engagé à celui du chipeur enragé. A quelles fins ?…


Le Canard Enchaîné
Mercredi 11/04/01,
Elizabeth Teissier : une diseuse de Sorbonne aventure.
Frédéric Pagès

 L'astrologue chic et multicarte a appâté un gros client : un jury de la Sorbonne. Qui lui a décerné le titre de "docteur". Victime de quel ascendant ?

Cela fait des années qu'elle le demandait : une chaire d'astrologie en faculté. Déjà en 1994 elle avait sollicité Mitterrand, au temps de leurs étonnants entretiens (1). Elizabeth Teissier n'enseignera peut-être pas, mais la voilà parée du titre de docteur, après sa soutenance de thèse samedi dernier, salle Louis-Liard, en Sorbonne, sous les portraits de Richelieu et de Descartes.

A la tribune du jury, Serge Moscovici, universitaire réputé, préside les débats. A sa droite siège Michel Maffesoli, professeur de sociologie à Paris-V et directeur de thèse de la candidate. Aux deux extrémités de la table, Patrick Tacussel, universitaire de Montpellier, et Françoise Bonnardel, philosophe de Paris-I. Leur faisant face, assise à une petite table, Mme Teissier, ex-mannequin, très allurée, accessoirée Chanel. Fièrement, elle a posé les 900 pages en deux volumes intitulés "Situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination / rejet dans les sociétés postmodernes". Ca fait sérieux, non ?

L'affaire est présentée avec moult précautions. C'est une thèse de sociologie, l'auteur s'en est tenu "à la neutralité et à l'objectivité scientifiques", faisant abstraction de son métier d'astrologue professionnelle. Mais E. T. ne tient pas la distance. Au fil des minutes et des questions d'un jury pourtant bienveillant, la forte en thème astral reprend le dessus : oui, l'astrologie est une "science vérifiable", etc. Embarrassé par ce zèle qui menace la mise en scène "sociologique", son directeur de thèse, Michel Maffesoli, lui fait des signes discrets depuis la tribune : qu'elle abrège, ce n'est pas le sujet, etc. Mais Dame Teissier est une teigneuse et n'en démord pas : l'astrologie est vrai.

Va-t-elle tout gâcher ? Les risques sont limités. Une thèse arrivée au stade de la "soutenance" n'est jamais refusée. Le public n'a pas la parole. Il la prend quand même… En milieu de séance, un homme se lève dans l'assistance, et, d'un ton presque douloureux, lance au jury : "Ceci est une farce." Il quitte la salle, semant pour quelques minutes la désolation à la tribune et dans le public majoritairement acquis aux signes du zodiaque.

Vers 16 heures, celle qui prétend s'appeler Elizabeth Teissier tient son apothéose. Après s'être retiré trois minutes pour délibérer, le jury proclame "Germaine Hanselmann docteur en sociologie" (avec la mention très honorable). Debout face à ses juges, furieuse, la belle rugit entre ses dents en direction du jury : "Je m'appelle Elizabeth Teissier." D'un geste désolé, le président montre la feuille officielle où figure le vrai nom de l'astrologue. Celle-ci apostrophe à voix basse son directeur de thèse : "Michel !" M. Maffesoli, que tous ses étudiants ne doivent pas appeler par son prénom, fait un geste impuissant…

La messe est dite. Deux heures et demie d'âneries sur l'astrologie et une seule information à se mettre sous la dent : Elizabeth Teissier s'appelle Germaine Hanselmann…

L'essentiel, c'est que Germaine, désormais "docteur", pourra proclamer que l'astrologie est validée, certifiée, officialisée par la vieille Sorbonne. Lundi, dès l'ouverture des cours, on imagine ces respectables membres du jury faisant la leçon à leurs étudiants au nom de la "rigueur intellectuelle"…

(1) "Sous le signe de Mitterrand" (1997, Editions n° 1)


Charlie Hebdo 11/04/01
Escroquerie : Elizabeth Teissier reçue docteur en sociologie.
Gérard Biard.

Elizabeth Teissier a fait plusieurs citations d'Adorno.
Sauf celle-ci : "L'astrologie, c'est la métaphysique des imbéciles"

Madame Irma à la Sorbonne.

Disons-le tout net, on était parti pour bien rigoler. Ecouter Elizabeth Teissier, tireuse de cartes célestes de François Mitterrand, soutenir une thèse sur "la situation épistémologique de l'astrologie liée à l'ambivalence frustration / rejet dans les sociétés postmodernes", on ne voulait rater ça pour rien au monde. Mais quand le jury de la Sorbonne a déclaré que Miss Nostradamus était "digne du titre de docteur en sociologie, mention très honorable", il faut admettre que le rire nous est resté dans le gosier. Celle qui, dans Votre Horoscope 2000 - son plus grand livre : 24 x 17 cm -, avait prédit pour l'an dernier un come-back du "taureau-Balladur", la "transformation intérieure" de Jacques Chirac et la démission de Lionel Jospin a été prise au sérieux par l'éminents membres de l'enseignement laïque et rationnel.

Depuis des années, Elizabeth Teissier se bat pour que l'astrologie soit reconnue comme une science et enseignée comme telle à l'université. Samedi dernier, elle a réussi à mettre le pied dans la porte, avec la complicité même pas involontaire de quatre professeurs qui ont perdu une grosse partie de leur crédibilité dans cette farce sinistre. L'astrologie est de retour à la Sorbonne, trois siècles et demi après que Colbert l'en a expulsée. Avouez qu'il y a de quoi être mélancolique…

Merlin l'Enchanteur directeur de thèse.

Pourtant, la supercherie sautait aux yeux. Dès qu'on pénètre dans la salle Louis-Liard, bourrée comme un plateau de télévision, on sent d'emblée que ce qui nous attend ressemblera plus à "Ciel mon mardi !" qu'à une soutenance de thèse digne de ce nom. Ca ne rate pas. Vingt minutes durant, la diseuse de bonne aventure de Télé 7 jours nous assomme avec une ratatouille de mots savants et de clichés pompeux dont le seul but est de servir d'emballage à un plaidoyer pour l'astrologie, laquelle serait tout à la fois "un art, une science et une sagesse". Elle cite Gaston Bachelard, Edgar Morin, Vilfredo Pareto, Theodor Adorno, Shakespeare et Isaac Newton - mélangeant à dessein astronomie et astrologie -, se gargarise de formules emphatiques et croit avoir tout dit en proclamant que "connaître, c'est naître avec"… Au début du prêche, on se dit qu'elle est entrée dans la maison de Mercure et a fumé la moquette. Mais on se rend vite compte que tout cela est beaucoup moins farfelu qu'il n'y paraît. Peu à peu, Elizabeth Teissier en arrive au vif du sujet, qui n'a rien à voir avec la sociologie. Elle dénonce le "consensus intellectuel ambiant", le "malentendu qui marque notre époque", "l'amalgame" qui conduit à associer la lecture des lignes de la lune à la voyance… En vérité, elle nous le dit, l'astrologie "développe une intuition qui est égale à celles de la psychologie, de la psychiatrie, de la médecine", elle est "la plus vieille connaissance de l'humanité", elle peut "répondre aux désenchantements du monde et à la dissolution des liens sociaux". Pour finir, l'ex-mannequin Chanel invoque "l'homo astralis" et nous exhorte à "adopter le point de vue de Sirius".

On n'a pas fini de regretter les années Mitterrand.

Bon. Quand la grande rouquine se tait enfin, on espère que le jury va se lever et lui balancer son paveton de 900 pages à travers le lifting en lui expliquant qu'ici, on est à la Sorbonne, et pas chez Dechavanne. Eh bien non. Au contraire, le directeur de thèse, Michel Maffesoli, loue ce travail de dix années, la "grande pertinence de la candidate, son écriture élégante, son style soigné". Sa collègue, Françoise Bonnardel, professeur de philosophie, en rajoute une couche épaisse. Elle félicité Teissier pour son chapitre intitulé "Preuves irréfutables de l'influence planétaire", la complimente pour son "parlé vrai, que Platon aurait appelé "l'opinion droite"", vante la "musicalité de l'astrologie", souligne les méfaits de ce que sa sorcière bien-aimée appelle le "rationalisme sectaire", avoue qu'elle a elle-même beaucoup travaillé sur l'alchimie, et conclut en disant que le mieux serait de conférer à l'astrologie le statut de "science conjoncturelle"… On a compris, cette brave dame doit être prof de philo dans une roulotte à la Foire du Trône.

Du coup, quand le troisième membre du jury fait la liste des erreurs de citations, des contresens et des fautes d'orthographe - Claude Lévi-Strauss avec un y, par exemple -, on n'a même pas le cœur à rire. Et quand le président, Serge Moscovici, reproche à Teissier d'avoir cité des "scientifiques" new-age, rappelle que l'astrologie n'est rien d'autre qu'une forme de magie et réussit à la foutre en rogne en l'appelant par son vrai nom - Germaine Hanselmann -, on se force presque à ricaner. Car au fond, toutes ces petites critiques qui évitent soigneusement le débat de fond, émises sur le ton de la chicanerie polie entre gens du même monde, ne font que conférer à la "thèse" de Teissier le statut d'authentique travail universitaire. Pendant deux heures et demie, dans l'enceinte de la fac la plus prestigieuse de France", on a parlé marc de café et boule de cristal en faisant semblant de croire qu'il s'agissait de sociologie. Le plus scandaleux, ce n'est pas qu'une astrologue ait manœuvré pour infiltrer l'Université, c'est que quatre professeurs l'aient admise sans sourciller comme l'une des leurs. Et lui aient, en prime offert un bouquet de fleurs. Décidément, il n'y a pas que le collège qui soit à la dérive.


 

l'Humanité
L. V. : ELISABETH TEISSIER
09 Avril 2001 - SOCIETE

Sous les portraits de Pascal et Descartes, l'astrologue a soutenu avec succès une thèse de doctorat en sociologie samedi à la Sorbonne. Sujet d'étude : " La situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination-rejet dans les sociétés postmodernes ". Bigre ! En dépit des anachronismes, contresens, fautes d'orthographe et erreurs sur le fond relevés par une partie du jury, Elisabeth Teissier a décroché la mention " très honorable ". Après avoir commencé sa carrière comme mannequin puis comédienne, parfois légèrement vêtue, elle achève, à soixante-deux ans, son ouvre la plus monumentale. 900 pages pour expliquer pourquoi l'astrologie a une image détestable, véhiculée " par une certaine intelligentsia ", coupable du péché d'incrédulité. L'astrologue en qui François Mitterrand avait placé quelque espoir divinatoire en a profité d'ailleurs pour dénoncer l'absence d'enseignement universitaire de l'astrologie, une " situation qui entraîne ignorances et abus charlatanesques ". De la part de quelqu'un qui a eu tout faux en 1997, en jugeant avant les législatives que la période n'était " pas géniale pour Jospin ", la mise en garde contre les charlatans vaut son pesant de pierre philosophale.

   

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[Docteur Tessier ?]

     

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