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  Pierre Bourdieu

 
 

sociologue énervant


 

 

Des textes sur et autour


 

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 Bourdieu : nom propre
 d'une entreprise collective.



De Singly
in Magazine littéraire n°369, octobre 1998,
(p.39-44).
Professeur de sociologie à la faculté des Sciences sociales de la Sorbonne (Université Paris V), François de Singly a notamment publié Le soi, le couple et la famille (éd. Nathan, 1996).


 

   

’œuvre de Bourdieu résulte, pour une large part, d'une intense mobilisation d'un groupe, le Centre de Sociologie Européenne. Or cette dimension collective a été singulièrement occultée. Visite du laboratoire bourdieusien et de ses oubliettes.

 Pierre Bourdieu déclare que « la sociologie de la sociologie est une dimension fondamentale de l'épistémologie de la sociologie », en « réponse » à une question de Loïc Wacquant remarquant qu'il insiste « sur la nécessité d'un retour réflexif sur le sociologue et son univers de production » (1992, p. 48). On voudrait prendre au sérieux ce principe en effectuant une lecture de l'ouvrage Réponses qui propose explicitement au lecteur « d'entrer, en quelque sorte, dans son atelier, ce laboratoire où s'élabore une œuvre » (quatrième de couverture). Pour faire cette visite, on ne suivra pas le guide, commentant l’œuvre (lecture au premier degré), on procédera à l'objectivation du discours du guide sur lui-même, suivant ainsi le principe central de la méthode sociologique, exposée dans Le Métier de sociologue (1). L'attention est portée à la manière dont sont effectuées les références aux travaux antérieurs, à la bibliographie des travaux de Bourdieu, à l'usage du « je » et du « nous » collectif (ne se confondant pas à l'autre forme de « je », le nous de majesté).

 Ce qui frappe c'est l'amnésie d'une dimension décisive de l’œuvre de Bourdieu, à savoir la dimension collective. Toute œuvre en sociologie comporte cette dimension, au moins sous la forme des emprunts, des inspirations. La faible propension de Pierre Bourdieu à citer certaines des grandes œuvres auxquelles il emprunte est connue — ainsi, pour ne prendre qu'un exemple significatif, Veblen n'est pas mentionné dans La Distinction ! Reproche si fréquent que Loïc Wacquant l'évoque. La défense est bizarre concernant Norbert Elias : « Ce n'est pas le lieu de dire ici tout ce qui me sépare d'Elias, en dehors d'un accord fondamental sur un certain nombre de principes, souvent empruntés d'ailleurs à Durkheim et Weber » (p. 69). Aucun élément pour comprendre les raisons de son silence sur Elias dans certains des grands textes sur l'habitus. Ainsi pourquoi Elias ne figure-t-il pas dans l'index du Sens pratique (1980) ?

 Mais l’œuvre de Bourdieu diffère de nombreux autres travaux dans la discipline sociologique par son ampleur (qu'il est ridicule de réduire, comme veulent le faire croire certains, à une suite d'évidences sociologiques au service unique d'un projet politique) qui résulte, pour une large part, d'une intense mobilisation de tout un groupe, le centre de Sociologie Européenne. Je pourrais analyser le travail empirique — passation des questionnaires, codage, exploitation des données, etc., mais aussi lecture d'ouvrages — inhérent au métier de sociologue. On constaterait alors que même en note ou en annexe, figurent rarement les noms des collaborateurs, des collaboratrices qui ont assuré ce travail au sein du Centre. Je ne signalerai qu'en passant le silence sur les individus qui ont fait que la revue Actes de la Recherche en Sciences Sociales ait une certaine homogénéité de ton. Pendant longtemps — plus précisément pendant les 87 premiers numéros, soit seize années — le seul nom inscrit a été celui de Pierre Bourdieu. Rien sur Claude Grignon et Jean-Claude Chamboredon qui ont joué un grand rôle dans la « reprise » des articles, ou sur d'autres. Pierre Bourdieu était nettement le nom d'une instance de production collective, instance qui acceptait de se plier à cette règle de l'anonymat (on sait d'après la théorie de la domination, chère à l'auteur, que le consentement est un signe classique de la dépendance des dominés). Ou pour reprendre un article de l'auteur, son œuvre est devenue progressivement une croyance dont la valeur est telle que même ses détracteurs peuvent en tirer profit.

 Le plus important est, du point de vue d'une œuvre et surtout de sa mémorisation, le problème des publications. Le reste n'est que coulisses. Nous sommes là sur la scène publique. Bourdieu a écrit cinq types de livres (ou d'articles) : les livres écrits individuellement, les livres écrits avec un autre auteur de même statut que lui, cela étant marqué sur la couverture par le « et » (les deux livres les plus célèbres de cette catégorie qui ont lancé Bourdieu sont Les Héritiers, et La Reproduction), les livres que Bourdieu a dirigés, comme Un art moyen, ou plus récemment La Misère du monde, les livres collectifs sans direction officielle (ainsi Travail et travailleurs en Algérie), les livres à plusieurs, au sein desquels Bourdieu est nettement l'auteur principal : Réponses (sur la couverture, le nom de Wacquant, plus petit, est précédé de « avec »).

 Or surprise, dans la bibliographie de Réponses ou dans celle de La Domination masculine (1998), ces livres de statut différent sont rangés dans une catégorie unique ! Dans le premier, sur l'étiquette de classement c'est le « et » qui sert de référence. Ainsi par exemple Boltanski, Castel et Chamboredon, pour Un art moyen (1965), sont sur le même plan que Passeron pour Les Héritiers (1964) ou La Reproduction (1970) ! Or dans le premier cas, chacun reste dans son chapitre, sous la direction de Bourdieu alors que dans le second, c'est une autre affaire. Pour Jean-Claude Passeron, il s'agit d'une écriture « à deux », d'une « co-écriture » — il pense que les défauts, les excès de l'écriture dans La Reproduction « ce n'est ni la faute à Bourdieu, ni la faute à Passeron, mais pour le meilleur et pour le pire, la faute à la trop longue réécriture du texte, aggravée par les possibilités de buissonnement qu'encourage la coécriture, sans parler des compromis entre co-auteurs qui soldaient diplomatiquement les négociations théoriques en ajoutant inévitablement les restrictions mentales aux circonlocutions » (2).

 Dans la seconde bibliographie, la préposition change, c'est « avec », mais le brouillage des catégories objectives est le même : une seule sorte de livres lorsque Bourdieu n'est pas seul. On a même connu une troisième version, encore moins innocente, celle d'Homo academicus (1984), où là, tous les livres « collectifs » portent la mention « en collaboration ». Le Métier de sociologue (l968), livre à trois, dont la tranche est presque familièrement composée d'un « Bourdieu / Chamboredon / Passeron » est transformé en ouvrage de Pierre Bourdieu (en collaboration avec J.C. Passeron et J.C. Chamboredon).

 Bref, ces biographies ne nient pas la dimension collective, ne peuvent pas la nier. Elles minimisent le statut des livres publiés avec un vrai « et », à égalité, en les novant avec les autres, de nature différente. À la fin, les lecteurs les plus jeunes, les lecteurs pressés ont l'impression d'une grande œuvre composée de livres écrits à une main, et d'ouvrages dirigés « par ». Bourdieu est soit soliste, soit un grand chef d'orchestre. Il n'a joué, semble-t-il, jamais de duo, ni de trio. La production d'une telle liste, mélangeant les types d’association, a au moins deux effets, celui d'accroître la taille du groupe dirigé, et celui de considérer celui-ci regroupé autour de la figure du « chef » du Centre. Il n'existe qu'une seule structure, un maître et ses disciples. Le mélange, « savant », produit un ordre qui ressemble à une forme de domination.

 Cette solitude des grands est confirmée par un autre indicateur, puisé dans Réponses. Jamais dans une phrase, Pierre Bourdieu ne cite, avec lui, un autre des auteurs de même niveau (ceux qui, lors de la publication, ont été rangés avec « et »). Le couple « Bourdieu et Passeron », du fait de leur séparation dès le début des années 1970, est passé aux oubliettes. L’« ex » Passeron, animateur avec lui pendant quelques années du séminaire du Centre, n'existe que dans les parenthèses, lorsqu'il y a renvoi à un de leurs travaux. La gomme fonctionne bien. On peut même lire en réponse à une question portant sur la critique d'une théorie trop « statique » ou « fermée » les mots suivants : « J'accorde volontiers que mes écrits peuvent contenir des formulations malheureuses... Je dois aussi avouer que, dans beaucoup de cas, je trouve certaines critiques terriblement superficielles et je ne peux m'empêcher de penser que leurs auteurs ont été victimes des titres de mes livres : je pense en particulier à La Reproduction » (Bourdieu, avec Wacquant, p. 58 ; souligné par moi). Quelques pages plus loin, Pierre Bourdieu prend l'exemple d'un peintre voulant présenter dans une exposition « un tableau statistique tiré de mon livre L'Amour de l'art (idem, p. 62). »

 L'effacement prend encore une autre modalité. Alors que dans Homo Academicus (1984), il y a renvoi explicite dans les notes à La Reproduction, au Métier de sociologue, par exemple, dans l'index complet — et toujours bien établi dans la collection du Sens commun, ne figurent ni Passeron, ni Chamboredon. Ou encore dans La Noblesse d’Etat (1989), en page 8, est cité Rapport pédagogique et communication (cosigné en 1965 par Bourdieu, Passeron et Saint-Martin). Dans l’index, à Saint-Martin, il y a renvoi à cette note. À Passeron, rien, son nom ne figure pas dans l'index. Disparus à quel champ d'honneur et pour quelle cause ?

 Pourquoi les énoncés justes de Bourdieu —« On ne fait pas son salut scientifique tout seul. De même que l'on n'est pas artiste tout seul, mais à condition seulement de participer au champ artistique, de même c'est le champ scientifique qui rend possible la raison scientifique... » (avec Wacquant, p. 163) sont-ils contredits par de tels silences ? Entre l'individu et le champ, il existe des intermédiaires, des laboratoires, des équipes mobilisées, d'autres individus qui ont le droit d'être évoqués. Au-delà sans doute du sentiment d'injustice que peuvent éprouver ceux de la première période qui connaissent une telle occultation, ce qui est en jeu c'est la représentation sociale du travail scientifique. Faire croire que l’œuvre est personnelle revient à renforcer le sens commun que le grand savant est seul à avoir de grandes idées, et qu’il est entouré de « collaborateurs » ou de « collaboratrices » qui peuvent au mieux les mettre en application dans le cadre des enquêtes de terrain. Pour l'exprimer autrement, et en reprenant un concept de Bourdieu — celui de « capital social de relations » (Actes de la Recherche, 1980, n°31) — les stratégies, conscientes ou non, mises en œuvre par Bourdieu pour se présenter seul (y compris sous la figure de l'incompris, de l'injustement attaqué) font que ce sociologue sait utiliser comme il faut les biens de famille, accumulés par les autres en les convertissant en capital symbolique : une célébrité quasi monopolisée.

 Ou pour l'écrire dans une théorie, concurrente, élaborée par un ancien membre du premier cercle, Luc Boltanski (L'Amour et la Justice comme compétences, éd. Métailié, 1990), on peut penser qu'il s'agit là d'une des techniques pour se grandir. Certaines sont utilisées par des individus peu dotés et qui tendent, selon l'expression courante à « en rajouter » pour paraître plus sérieux, pour être entendus. D'autres manœuvres existent pour augmenter sa taille sociale, par exemple celles que l'on vient d'objectiver, notamment en se présentant comme un auteur seul, entouré de collaborateurs nombreux et variés.

 Face à cette occultation de la mémoire collective du Centre de sociologie européenne, une objection pourrait être lancée : tous ces individus — comme Boltanski, Chamboredon, Passeron — qui ont signé livre ou article avec un « et » égalitaire (il faudrait ajouter au moins à ce premier cercle Robert Castel, Claude Grignon, Monique de Saint-Martin, Yvette Delsaut), ne doivent-ils pas leur existence à la seule chance d'avoir côtoyé le maître ? Il est impossible d'établir un bilan après coup des contributions à l’œuvre mixte, personnelle et collective, de chacun des membres du premier cercle, d'autant plus que le silence de Bourdieu n'est guère brisé par les déclarations des autres, y compris ceux qui ont quitté le Centre (c'est le cas, à des dates différentes, avec des modalités différentes, au moins de Boltanski, Castel, Chamboredon, Grignon, Passeron, de Saint-Martin).

 En revanche, ce qui est certain, c'est la fécondité des travaux menés ensuite à l'extérieur par les sortants. Un peu arbitrairement, sans doute, on en retiendra quatre : Le Savant et le populaire (Hautes Etudes, Gallimard-Seuil, 1989) de Grignon et Passeron ; Le Raisonnement sociologique de Passeron (éd. Nathan, 1991) ; De la justification. Les économies de la grandeur de Boltanski (et Thévenot, éd. Gallimard, 1991) ; Les Métamorphoses de la question sociale de Castel (éd. Fayard, 1995). Il s'agit non pas de les résumer, mais de souligner, en quelques lignes, la pertinence des travaux construits « à côté » de l’œuvre élaborée par tous et chacun, pendant la première période du Centre de Sociologie Européenne :

 Avec Le Savant et le populaire, Grignon et Passeron appréhendent les limites d'une vision sociologique qui repose, presque exclusivement, sur une logique de la domination. Il affirment que la culture populaire ne peut être comprise uniquement en référence à ce schème. C'est dire que la théorie de la légitimité culturelle, aussi intéressante soit elle, occulte certaines dimensions des conduites qui ne renvoient pas à un axe vertical, mais à un axe horizontal, comme les cultures de métier, les cultures régionales, les cultures religieuses, les cultures générationnelles. On pourrait aussi prendre le cas de la réception des œuvres dans les musées. Non, la visite d'un musée ne peut pas se résumer à l'exclusive recherche d’un profit de distinction, ou à l'expression d'une bonne volonté culturelle. Elle est aussi la source de plaisirs que le sociologue se doit d’analyser. Passeron (3) lutte ainsi contre « le purisme monomaniaque privilégiant une composante », plaidant pour une sociologie de l'hétérogénéité sociale des comportements, permettant de comprendre la place, variable selon les pratiques, les groupes sociaux, les moments, de la domination.

 Au-delà de leurs façons de faire différentes, Passeron et Castel ont un objectif commun : réhabiliter au sein de la sociologie la place de l'histoire. Passeron (1991) le réalise dans une perspective épistémologique en désignant le raisonnement sociologique comme un « entre-deux », avec le langage des variables qui s'inscrit dans des procédures quasi expérimentales (comme l'enquête par questionnaire) d'un côté, et avec la prise en compte de la comparaison historique, du contexte de l'autre. De manière autocritique, il montre que dans La Reproduction le modèle proposé pêche surtout par sa généralité, par l'occultation du fait qu'il s'agit d'une théorie d'une période pendant laquelle l'institution scolaire occupe une position particulière dans la production et la reproduction des individus et de la structure sociale. Le souci de la trop grande généralité (qui n'est pas une pratique désintéressée) conduit alors le sociologue à considérer le contexte comme une simple conjoncture, comme un élément secondaire, et à se centrer sur ce que l'on affirme être des invariants.

 Pour écrire son plaidoyer d'une sociologie historique, Castel s'y prend autrement, il établit « une chronique du salariat ». Il y a bien des homologies de position entre les paumés de la terre aujourd'hui et hier, il y a bien homologie des processus qui conduisent à devenir ces paumés. Mais ces constantes n'engendrent pas pour autant une absence d'histoire : ont surgi « des discontinuités, des bifurcations, des innovations » (p.16), après une période caractérisée par « une puissante synergie entre la croissance économique avec son corollaire, le quasi plein emploi, et le développement des droits du travail et de la protection sociale » (p.384). Ainsi se trouvé dépassée une conception du changement social qui, dans la perspective de la domination, se limite trop souvent à « tout change pour que rien ne change ».

 C'est peut-être Boltanski (et Thévenot) qui rompt le plus explicitement avec le passé de la théorie « Bourdieu » (désignée ici comme le nom singulier de l'entreprise collective). Le « sens commun » ne désigne plus la bête noire du sociologue. Ce que les gens disent de ce qu’ils font est un objet légitime de la sociologie, et pas seulement au titre de l'illusion. Il existe ainsi « une similarité entre la façon dont une personne, pour rendre compréhensible sa conduite, s’identifie en se rapprochant d’autres personnes sous un rapport qui lui semble pertinent et la façon dont le chercheur place dans la même catégorie des êtres disparates pour pouvoir expliquer leurs conduites par une même loi » (1991, p.15). Cette équivalence requiert un travail de mesure de la grandeur des personnes (et de leurs comportements). Dans certaines situations, les acteurs se disputent, n'appliquant ni les mêmes principes d'équivalence, ni les mêmes justifications du choix de ces derniers. Les uns peuvent, par exemple, s'appuyer sur un monde marchand ou sur un monde industriel (au sein duquel priment la compétence et l'efficacité), les autres sur un monde domestique (au sein duquel comptent les relations interpersonnelles), ou sur un monde de l'opinion (avec le poids de la reconnaissance sociale).

 Pour reprendre l'hypothèse que j'ai proposée, à savoir que la manière dont Pierre Bourdieu rend compte du passé du Centre est une manœuvre pour se grandir, on peut se demander à quel monde se rattache ce type de justification qui consiste à élaborer une présentation rétrospective de soi. Ne s'agit-il pas du monde de l'inspiration, monde « d'une grandeur qui se soustrait à la mesure et d'une forme d'équivalence qui privilégie la singularité » (Boltanski, Thévenot, p.200) ? À ce niveau, Pierre Bourdieu ne chercherait-il pas à appartenir à la catégorie des « grands inspirés » qui, « par ce qu'ils ont de plus original et de plus singulier, c'est-à-dire par leur génie propre... se donnent aux autres et servent le bien commun » (idem, p.203) ? Avec son engagement dans la sphère politique, l'évolution actuelle de Bourdieu serait alors, selon mon interprétation, moins en rupture avec la période précédente qu’on le prétend.

 Objectivement il y a cohérence entre la première phase de construction de la singularité et la seconde, la mise à la disposition de cet être singulier et inspiré — et de sa pensée — au service de l'intérêt général, et plus précisément, pour que l'identité puisse être pensée et représentée comme unité de soi, au service des « dominés ». À ceci près que pendant la première phase, Bourdieu dénonçait l'intellectuel « total », notamment sous les traits de Sartre (dans Le Sens pratique et dans London Review of Books, vol.2, 22,1980) qu’aujourd’hui il cherche à incarner. Cette contradiction entre dessein objectif et commentaires subjectifs de l'auteur le contraindra, sans nul doute, à une nouvelle actualisation de la mémoire de ses textes et de ses prises de position antérieurs, tentant d'occulter ses critiques précédentes. On peut regretter que l'auteur de « L'illusion biographique » (Actes de la Recherche, n° 62-63, 1986) dénonçant l'inclinaison « à se faire l'idéologue de sa propre vie en sélectionnant en fonction d'une intention globale certains événements significatifs et en établissant entre eux des connections propres à leur donner cohérence » y succombe aussi bien.

(1) Les références complètes de tous les ouvrages de Pierre Bourdieu cités dans cet article figurent dans notre bibliographie « Bourdieu en 30 livres ». N.D.L.R..

(2) Jean-Claude Passeron répond à des questions de Raymonde Moulin et de Paul Veyne (Moulin R., Veyne P., 1996, « Entretien avec Jean-Claude Passeron. Un itinéraire de sociologue ». Revue Européenne des Sciences Sociales, n° 103, pp.275-304).

(3) Dans « L’œil et ses Maîtres », postface à Les jolis paysans peints, catalogue, Imerec, Marseille, 1990).
   

 

Pierre Bourdieu  

Balayage : Merci à Filipe De Oliveira :)

 
    

   
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