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 Exposé des faits

 Le Monde

 Ceux qui composent

 Les stricts

« On parle beaucoup de “connivences” et de “copinage”. Mais ce sont d’aimables euphémismes pour désigner ce dont il s’agit réellement :
c’est de corruption pure et simple dont on devrait parler.
[…] Un journal comme Le Monde, dans son supplément “Livres”, donne sur ce point un exemple que je considère personnellement comme tout à fait déplorable. »
Jacques Bouveresse, professeur au Collège de France (Libération, 04-05/08/01)

 

 

 

 

 

Critique littéraire :
Petites promotions entre amis
.
Raphaëlle-Anne Leyris, Thibault Tassin de Montaigu, David Verhaeghe.
Centre de formation des journalistes, février 2002.

 
  

  

 
 

Exposé des faits

Jeudi 4 octobre 2001, l’émission littéraire Campus sur France 2, animée par Guillaume Durand, reçoit entre autres Edwy Plenel pour son livre Secrets de jeunesse, racontant son passé de militant trostskiste. L’auteur, également directeur de la rédaction du Monde, est brièvement interrogé, au cours de l’entretien, par Josyane Savigneau, chef du service culture et rédactrice en chef du supplément Le Monde des livres.

À la remarque de Josyane, « J’ai été très touchée et très séduite par ce livre. Je l’ai trouvé très courageux », suivie de la question: « Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un avec une position publique assez en vue comme vous  à parler de ses « enfances » comme vous dites (…) ? », Edwy ne peut contenir son émotion. Au bord des larmes, il a du mal à poursuivre, s’interrompt avant de conclure. « J’ai été très ému par ce qu’a dit Josyane ».

Aucun des deux intervenants, pas plus que Guillaume Durand, ne juge bon de rappeler clairement le lien unissant Josyane Savigneau à Edwy Plenel, son patron, à l’exception d’un clin d’œil de l’interviewé : « Dans la rédaction du Monde, Josyane le sait, il y a d’anciens lambertistes (sous-groupe trotskiste, NDLR). ».  C’est pourtant bien le même homme qui déclara à des étudiants du CFJ au début de l’année que tous les articles traitant d’ouvrages écrits par des journalistes du Monde devaient, dans un souci de déontologie et d’indépendance, être rédigés par des collaborateurs extérieurs à la rédaction.

 Les protagonistes de l’affaire ont essuyé par la suite quelques attaques , en particulier un encart dans Libération et des réactions virulentes des bourdieusiens comme la revue Pour Lire Pas Lu, qui avait décerné le mois d’avant « La laisse d’or du journaliste le plus servile » à Josyane Savigneau. Et ne s’est pas privée de mentionner l’affaire.

Un tel cas pose la question de la promotion dans un journal, ou une émission radiophonique ou télévisuelle, de livres écrits par des collaborateurs. A-t-on le droit, déontologiquement parlant, de chroniquer l’ouvrage de son voisin de bureau ? La pratique est répandue. Où se trouve la limite entre copinage et nécessité du travail journalistique ? Le changement de média peut-il modifier les règles fixées par les rédactions ? Serge Halimi, dans Les nouveaux chiens de garde, stigmatise cette pratique très française : « Aux États-Unis, certains quotidiens « interdisent formellement » à leur rédaction en chef de confier la critique d’un livre à quiconque connaît l’auteur, ou a lui même écrit un ouvrage dont l’auteur aurait précédemment rendu compte, ou entretient des liens étroits avec une personne souvent citée dans le livre en question ».

Plusieurs journaux s’en défendent, et édictent des règles strictes à ce sujet : refus de chroniquer le livre d’un membre de la rédaction, traitement par un critique extérieur, ou encore spécification des liens qui unissent l’auteur au journal. D’autres composent.

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