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Pas Lu

 

  
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Leurs crânes sont des tambours...

Le journal qui mord et fuit...  

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dossier

LA PESTE
FRANCE INTER


La peste ? Oui : la peste. Le venin du matin. France Inter injecte dans nos veines et dans nos cerveaux un virus. Celui de la pensée rampante. L'effet est d'autant plus redoutable que France Inter est une radio publique. C'est-à-dire théoriquement libre de ne s'accroupir ni devant Lagardère (lequel possède les studios d'Europe 1) ni devant les publicitaires (qui infestent toutes les radios commerciales). Mais sur France Inter, l'indépendance pèse comme un boulet. La liberté de France Inter ? Partager avec le Figaro Magazine un spécialiste en gestion des patrimoines, avec Le Nouvel Observateur un éditorialiste qui ment, avec TF1 un chroniqueur économique.

Dans l'univers des médias, la servitude et la médiocrité ne sont justiciables d'aucune sanction. Au contraire: le PDG de Radio France vient d'être reconduit par le CSA, à la quasi-unanimité. Son nom ? Jean-Marie Cavada… « Bilan positif », a jugé Le Monde. Grâce à Cavada et à sa lieutenante Laure Adler, ce quotidien vespéral des marchés n'a-t-il pas transformé en colonie France Culture, l'une des stations de Radio France ? Pour domestiquer d'éventuels critiques, offrez-leur une chronique. Leur incompétence radiophonique est sans importance : il s'agit ici de relations publiques.

Une équipe de PLPL s'est infligée d'« écouter la différence ». Elle n'a entendu que déférence : au marché, à l'argent, à l'Amérique, à la guerre. Et insignifiance : soumission à la météo, aux sports, aux faits divers crapoteux. D'autres en seraient revenus épuisés. PLPL est galvanisé. Comme l'écrivait le Sardon Molière, « La peste soit de France Inter » (L'avare, Acte I sc. IV)

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Vous les entendez, vous les connaissez : vous les détestez. Radio France est infestée de personnages qui, tel le frelon Cavada, grouillent au portillon de la prétention. L’objectif du « président » (un titre que chacun doit employer en s’adressant à cet insecte coléreux) : gérer le « groupe Radio France comme une série de marques complémentaires ».

Et toujours sacrifier l’intelligence à la chasse à l’audience. Sur France Inter, la publicité est réglementée. C’est pour que l’auto-promotion règne sans partage. La radio publique lèche chaque livre nul (Pascale Clark) et chaque spectacle soporifique (Philippe Meyer) secrété par un journaliste de la maison (ronde). Les attentats de New York ont procuré à Radio France le prétexte d’un nouveau jaillissement d’avilissement : censure d’émissions susceptibles de critiquer la guerre (Daniel Mermet), interdiction de diffuser de la musique arabe, invitation de propagandistes des États-Unis, d’experts policiers et de profs de Sciences-Po. Dans le passé, France Inter a éduqué et disséminé certains des joyaux les plus étincelants de la déontologie et de l’irrévérence : PPDA, Jean-Pierre Elkabbach, Jean-Marc Sylvestre. Simultanément, la station absorbe les étalons de la presse et de la télé : Stéphane Bern, Laurent Mouchard-Joffrin, Philippe Tesson…

Mais une chose distingue encore France Inter : son ambition. Elle est démesurée : devenir RTL… Un RTL « distingué » qui diffuserait « Les Grosses Têtes » sous le nom de « Diagonales », qui racolerait autant que la concurrence mais en prétendant, comme toujours, faire entendre sa différence.   


   Lire le dossier dans le journal papier pages 3 à 6
   
  Nota : ne sont mis en ligne que certains articles du journal ; l'intégralité du contenu, notamment les dossiers, est réservée aux seuls abonnés.

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La lutte est acharnée
mais PLPL ne décerne
la laisse d’or qu’au plus servile.

  Son manque étincelant de talent lui garantissait une position de responsabilité dans la presse. Pour bétonner son pouvoir, Maurice Szafran a léché sans retenue les « penseurs » les plus en vue.
La nouvelle Laisse d'or de PLPL dirige la rédaction de Marianne. Szafran est un peu à Jean-François Kahn ce qu'Edwy Plenel est à Jean-Marie Colombani : un chargé de relations publiques qu'on dépêche chez Ardisson pour y faire le pitre. Szafran partage autre chose avec Plenel : sa passion pour BHL. Dans Marianne du 22 octobre 2001, il a loué « le philosophe unanimement reconnu » et commenté son dernier ouvrage : « Déjà, ils le répètent tous et sur tous les tons : c'est "son grand livre" : Alors, confirmons-le : il constitue sans aucun doute possible l'un des moments fort de cette rentrée ; [...] un bijou de reportage [...], cinq joyaux extirpés du journalisme. [...] L'achèvement est somptueux, [...] il nous permet de gagner en intelligence. »

  D'autres livres avaient nourri l'intelligence (toujours affamée) de Maurice Szafran. Un opuscule de BHL en 1998 (Marianne, 07.09.98), une biographie de BHL en 2000 (L'Événement du jeudi, 21.01.00) 1. Mais Szafran a choisi d'autres auteurs intrépides. Dans un article titré « Vive Minc ! », il écrit : « Il nous apparaît indispensable d'insister sur l'importance de son nouveau livre. » (Marianne, 21.09.98) Une semaine plus tard, toujours dans Marianne, Szafran loue le « flamboyant parcours » de jean Daniel, directeur du Nouvel Observateur. Et puis, Szafran n'oubliera pas le directeur du Monde, dont il salue le livre (encore raté) sur la Corse (Marianne, 27.11.00).

  Kahn a expliqué pourquoi il envoyait toujours son Szafran humer les truffes de la confraternité. Marianne était boycotté par les annonceurs. C'est pour aller « dans le sens du marché publicitaire q'une rubrique "coup de coeur" a été créée, afin de nourrir un discours plus positif ».

Un discours aujourd'hui honoré d'une Laisse d'or.

1. Quelques mois, plus tard, BHL consacrait trois lignes de sa chronique du Point à saluer un livre de potins politiciens de Szafran sur Chirac.