NOTRE ÉPOPÉE SARDONIQUE

EN ROUTE VERS
LE PLAN B !

 

PLPL triomphe ! La phase 1 de notre épopée sardonique s’achève autour d’un feu de joie – car l’artifice, nous le laissons aux autres. À compter du début de l’année 2006, PLPL devient mensuel, élargit son équipe, fait son apparition dans les meilleurs kiosques et, pour mieux donner le change, change de titre : votre journal préféré s’appellera Le Plan B. Rompant une fois encore avec les autres publications, PLPL interrompra donc sa parution au faîte de sa gloire : jamais sa diffusion n’a été si élevée (notre dernier numéro, excellent, est d’ailleurs épuisé). Unie comme lèvre et moustache, l’équipe sardone choisit ce moment d’allégresse pour s’identifier (notre document). Mais aussi pour dresser un bilan de nos victoires communes et pour préparer nos conquêtes à venir. C’est l’heure du dernier quart d’heure. Hourrah !
    

Notre épopée sardonique

La création de PLPL en juin 2000 a zébré le ciel comateux de la presse d’un « S » aussi tranchant qu’un sabre. Un « S » qui veut dire sardon. Nous partîmes 500 mais par un prompt renfort, nous nous vîmes 30 000 en arrivant au port. Sardon, souviens toi : avant PLPL, le QVM trônait sur le parti de la presse et de l’argent (PPA) ; des militants peu trempés rêvaient d’y publier leurs tribunes et, pour y parvenir, s’affublaient d’une moustache propre à séduire le Roi du téléachat. Avant PLPL, Philippe Val et ses valets du NEM [Charlie Hebdo] égayaient les réunions militantes de leurs tours de chant à la gloire des militaires de l’OTAN – des concerts encore moins contestataires que les duos de Sheila et Ringo (« Laisse les gondoles à Venise ») et guère plus insolents que le « Scoubidou bidou » de Sacha Distel. Avant PLPL, la gauche-qui-capitule faisait la risette aux patrons qui plastronnent sans que les intellectuels à gages trouvent à y redire. Avant PLPL, les néo-sarkozistes en catogan des Inrockuptibles et de Technikart passaient pour des rebelles. Avant PLPL, Sylvain Bourmeau n’avait pas décroché la Laisse d’Or. Avant PLPL, Laurent Mouchard mentait. Dans ce dernier cas seulement, rien n’a changé.

Mais, pour le reste, l’aube a succédé aux ténèbres. Cinq ans après notre naissance et la première de nos batailles, le QVM est touché, le Roi du téléachat coulé : il quémande un emploi de vigile moustachu à Libération (qui sombre). Les pitres du NEM râlent dans les bras de leur nouvelle nounou Christine Ockrent. Mieux : le cri de PLPL « Les médias mentent ! », qui avait rythmé toutes les manifestations depuis celle de Millau en juin 2000, s’est métamorphosé en symphonie triomphante à l’occasion du référendum du 29 mai. Ils mentaient et d’autres en avaient peur. Ils mentaient et nous les avons détruits.

En cinq ans, malgré notre diffusion susceptible de remplir plusieurs Frigidaires d’Alexandre Adler, aucun article de la presse qui ment (PQM) n’a évoqué le contenu scintillant du journal, les centaines de réunions publiques que nous avons animées ou, dans les radios libérées (du PPA), nos émissions « Les Sardons parlent aux Sardons ». En revanche, que d’encadrés venimeux du QVM (rédigés par le RTA en personne), d’éditoriaux ignares du NEM, d’articles chauves de Corcuff. Pouah !

Adossés à notre luxueuse vitrine universitaire Acrimed (qui va redoubler d’activités), nous avons formé des dizaines de milliers de personnes à la critique des médias (l’effondrement de la diffusion de Libération, du NEM et du QVM sont en partie notre œuvre, on parle dans ces rédactions d’un « effet PLPL ») ; nos réseaux sont désormais actifs dans les écoles et dans les collèges (lire p.10), l’organisation en sections est en place dans nombre de lycées. Les militants sardons – mais aussi les jeunes Sardonettes et Sardonets qui nous rejoignent – créent des structures locales, publient à leur tour des « petits » journaux, harcèlent la presse régionale.

La critique de la médiatisation de l’action militante que nous avons opposée dès le départ aux BHL de la contestation commence à porter dans les rangs mêmes de ces Narcisse. Ceux qui veulent changer le monde, pas seulement de chemise blanche et de maquillage, comprennent qu’il est vain de séduire les journalistes pour améliorer l’image d’un mouvement social, qu’il est absurde de passer aux Grosses têtes de Philippe Bouvard ou chez le producteur monarchiste, papiste et millionnaire Ardisson pour convaincre les auditeurs de la nécessité d’une révolution…

Deux des objectifs que nous nous étions fixés sont ainsi en passe d’être atteints : armer intellectuellement les lecteurs contre le caquetage intellectuel à destination médiatique, et fournir aux militants des munitions dans leurs combats contre le PPA. Dans une conjoncture de basses eaux idéologiques, PLPL a fait émerger un groupe ayant des convictions chevillées au corps, inattentifs aux chimères du réformisme et du téléachat, décidés à transformer la société au risque parfois de compromettre leurs carrières (plusieurs de nos courageux informateurs l’ont éprouvé à leurs dépens avant que nous parvenions à les recaser au CNRS ou dans des entreprises de presse plus puissantes encore que celles qui les avaient sanctionnés…) Doit-on préciser ici que cette action collective, qui n’a pas « produit » la moindre « vedette », a été enfantée dans l’enthousiasme et a grandi entre deux éclats de rire ?

Nos lecteurs sont des combattants. À chaque parution de PLPL, ils encouragent leurs camarades à s’abonner, vendent le journal à la criée, diffusent le quart de notre tirage (la moitié l’est par abonnement, le dernier quart par les soixante-dix meilleures librairies de France et d’Europe). Bien sûr, 7 500 exemplaires pèsent peu face aux millions de téléspectateurs des JT de TF1 et de France 2, aux 500 000 exemplaires (souvent offerts) du Nouvel Observateur ou à ce qu’il reste d’influence au Monde (dont la diffusion n’a cessé de fléchir). Mais ce qui importe est ce qui naît et se développe, pas ce qui végète, périclite et demain disparaît. Déjà, le croisement des courbes se profile : celle, déclinante, des médias qui mentent, et celle, ascendante, du bloc sardon. Car les articles de PLPL sont lus, photocopiés, affichés. Ses idées sur la nécessaire re-politisation de la question des médias et sur la ré-appropriation populaire des grands groupes de presse sont reprises partout. Comme au moment de la campagne référendaire de mai dernier, les citations précises qui constellent nos dossiers se retrouvent dans mille tracts syndicaux et politiques. On connaît l’issue de cette bataille-là. Le PPA, tel le fleuve gris des villes grises, va sans espoir d’océan.

En route vers Le Plan B

Que fera notre nouveau journal ? Le Plan B combattra le Parti de la presse et de l’argent. Autant dire, les médias qui mentent, les patrons qui plastronnent, la gauche qui capitule, les intellectuels à gages. Mais d’autres dimensions complèteront notre critique du PPA. Chaque numéro comportera une enquête sociale et des reportages. Des rédacteurs nous rejoignent : l’équipe de PLPL et celle de Fakir ont décidé de fusionner. Fakir, c’est ce journal animé par des sardons d’Amiens qui, à la différence de PLPL, a même été poursuivi en justice par le PPA (lire PLPL n° 10, juin-août 2002). Le Courrier picard n’avait pas supporté son ton corrosif et la sagacité de ses enquêtes. Fakir a triomphé, l’assaillant a été débouté. Viva !

Contrairement à PLPL dont l’activité est uniquement basée sur le bénévolat, Le Plan B reposera sur une structure permanente. Cela exige d’autres moyens. D’où la nécessité de nous envoyer des euros. Beaucoup d’euros ! (lire p. 12) Ensuite, chacun pourra dire que Valéry Giscard d’Estaing a menti (comme Mouchard) en déclarant au Journal du Dimanche (2.10.05) : « Le plan B n’existait pas et on attend toujours sa publication. » Eh bien nous voilà !

PLPL suspend sa parution. Un journal qui meurt, c’est beaucoup de liberté en plus. Le notre qui change, c’est une aventure qui commence.
    

 

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Photo : © Plonk et Replonk éditeurs. CP 1192 CH-2301 La chaux-de-Fonds. www.plonreplonk.ch

 

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