LE PLAN B

Dernier numéro ? Oui : PLPL se transforme (lire p. 6-7). La Sardonie, ce territoire intellectuel libéré par PLPL, repousse ses frontières aux confins de l’univers. Elle se dote d’un outil encore plus acéré pour détruire le Parti de la presse et de l’argent (PPA) : un nouveau journal, mensuel, disponible dans les kiosques, qui mêlera critique des médias et enquêtes sociales. Son nom ? Le Plan B. Le premier numéro du Plan B paraîtra début 2006 si chacun répond présent à notre grande souscription populaire (lire et remplir le bulletin p. 12 !) Ces euros, nous en ferons bon usage pour purger le monde des médias qui mentent.

Porte-parole du journalisme français de qualité, le directeur de la rédaction de Paris Match, Alain Genestar, a rappelé la première règle du métier : « Moi, j’ai toujours demandé à mes équipes de ne jamais juger ce que font les confrères » (France Inter, 1.10.05.) Le deuxième principe du PPA a été énoncé par Édouard de Rothschild, nouveau timonier de Libération. « C’est un peu une vue utopique de vouloir différencier rédaction et actionnaire » (France 2, 30.9.05), a-t-il henni entre deux parties de poker (menteur).

Mais PLPL consacre son dossier à la publicité. Car la troisième règle d’or de la presse se résume à ces mots : « devenir un sac-à-pub ». Le 3 octobre, Le Figaro a raconté comment se concocte l’information : « 8 h 30 - Publiprint, la régie publicitaire du Figaro, vérifie une dernière fois l’implantation des “pubs” dans les pages du journal daté du lendemain [...]. Puis la régie confirme à la rédaction la place disponible pour les articles. Pour respecter le taux de couverture, le journal essaie de ne pas sortir trop de pages sans pub. [...] 11 h - La rédaction rappelle la régie publicitaire et lui demande de déplacer certains encarts pour libérer de la place rédactionnelle dans les pages les plus “chaudes”. La régie résiste ou accepte, c’est selon. » Car même en cas de guerre, la publicité reste prioritaire. La guerre, justement, Le Plan B va la leur livrer…
(Lire notre dossier dans le journal papier)
   

 


La lutte est acharnée mais
PLPL ne décerne la laisse d’or
qu’au plus servile.

 

Le chiot chauve couinait, grattait à la porte de PLPL pour quémander son câlin, réclamer la distinction accordée aux seuls lévriers. Tu nous as lassés, on te cède. Tu vas pouvoir, comme quand Philippe Val t’a renvoyé de Charlie hebdo (où tu ne lui servais que de roquet dressé contre Chomsky et la critique radicale des médias) rédiger toi-même pour l’AFP le communiqué qui t’honore : « Philippe Corcuff décroche la laisse d’or ! » Certains de tes bons amis de la LCR, tu le sais sans doute, te surnomment « notre Sarko », ayant déjà repéré en toi les caractéristiques ordinairement associées au ministre de l’Intérieur : amour des médias, narcissisme convulsif, obsession de savoir à chaque instant ce que les autres pensent de soi. Tout cela, tu l’as reconnu en août dernier, admettant « taper “PLPL” sur Google » pour voir si les articles te concernant avaient été mis en ligne. Tu ajoutais que ta « réactivité » à notre égard était « imbibée d’un narcissisme mal contrôlé ». Ce fut ton plus beau texte, le plus émouvant aussi (http://jp.bourgade.free.fr/article.php3?id_article=30).

  Tu y renvoyais, comme toujours, à d’autres écrits dont tu es l’auteur, conformément à ta pensée qui tourne d’autant plus à vide qu’elle gravite autour de son nombril. Pas étonnant que tu aies exhorté les militants anticapitalistes à réhabiliter en priorité… l’individualisme ! Besancenot et Attac ont promis de faire semblant de te suivre (quelques ego surdimensionnés rôdent aussi dans ces parages). Mais PLPL te résiste, alors tu trépignes. Résultat : au moment où des Sardons fêtent dans les cinémas les films de la série « Tirs nourris sur la télévision » (TNT), tu grattes la porte d’un journal entièrement payé par les publicitaires pour dénigrer les contestataires. Là, te décrivant « sociologue des médias », tu gémis que les « critiques comme celles de Pierre Carles […] tombent vite dans la théorie du complot » (20 Minutes, 21.9.05). Tu écris mal : ton avenir dans la presse gratuite de supermarchés était assuré. Grâce à ta laisse d’or, tu atteindras ce firmament plus vite encore.
     

 

POUR RELIRE PAS RELU

Caroline Fourest et son amie Fiammetta Venner entendent démasquer les intégristes qui se disent progressistes. Le « double discours » de Tariq Ramadan constitue leur cible préférée. Comme Fourest l’a expliqué à Elle : « Le décryptage a été harassant car c’est un homme prolixe : le fait d’étudier les discours intégristes depuis plus de dix ans, notamment l’extrême droite chrétienne, m’a beaucoup servi » (Elle, 25.10.04). Même observation dans L’Humanité : « La spécialité de Tariq Ramadan, c’est d’abord l’euphémisme, ensuite le double langage, en cas de besoin le mensonge » (25.10.04). Enfin, quand Charlie hebdo, qui emploie Fourest, lui pose la question rituelle – Comment expliques-tu qu’un prédicateur aussi intégriste puisse séduire à gauche ? –, Caroline connaît la musique : « D’abord par le “double discours”, qui existe réellement » (7.12.04). Mais, le « décryptage harassant », PLPL connaît…

Passons sur le fait que le Elle de Lagardère ou le NEM de Philippe Val ne sont peut-être pas les meilleurs endroits pour s’adresser à la gauche. Plus insolite encore est le choix de nos deux Louise Michel d’écrire également dans le Wall Street Journal, organe de Bush, des néoconservateurs américains, de la droite religieuse et de Wall Street. Mais là, elles changent de ton. Loin de fustiger les « faucons » américains qui « jouent avec les frères musulmans » comme « du temps de la guerre contre le communisme » (NEM, alias Charlie hebdo, 7.9.05), elles s’alarment de l’« incapacité des immigrants arabes à s’intégrer » et de la « menace pour les démocraties occidentales » de voir ces Arabes rejoindre des « cellules terroristes islamistes » (Fourest, Wall Street Journal, 2.2.05). Venner, de son côté, condamne la mollesse munichoise de la police anglaise : « Les attentats terroristes dans le métro de Londres ne prouvent-ils pas que cette approche conduit à l’échec ? » (Wall Street Journal, 15.7.05). « Marxistes » un jour, « bushistes » le lendemain, n’est-ce pas là un « double discours » ?

De cul-cul à Cuculière

Toutes ces années passées à débiter des citations de Montaigne et de Spinoza collectées par des stagiaires du NEM n’avaient valu à Philippe Val que l’admiration de Laurent Mouchard-Joffrin, c’est-à-dire moins que pas grand-chose. Mais, à force de travestir le Charlie hebdo anti-curés de jadis en feuille de propagande anti-Arabes, cela devait arriver : le 27 août 2005, à l’université d’été du MNR (le groupuscule fascisant de Bruno Mégret), le dirigeant d’extrême droite Roger Cuculière a justifié la politique de sa secte en s’appuyant sur une citation de… Philippe Val ! Dans un discours délicatement titré « Désislamiser la France », Cuculière vocifère que les musulmans « sentent bien la force de leur nombre, ont un sentiment très fort de leur appartenance à une même communauté et entendent nous imposer leurs valeurs ». Puis il ajoute : « En ce moment, des signes montrent que nous ne sommes pas seuls à prendre conscience de ce problème. […] J’ai eu la surprise de retrouver cette idée chez un éditorialiste qui est à l’opposé de ce que nous représentons, Philippe Val, de Charlie hebdo, dans un numéro d’octobre 2004. »
(Discours du disciple de Val sur www.m-n-r.net/discours151.htm)
Il y a dix ans, Philippe n’avait qu’une idée : interdire le Front national, dont Mégret était alors le numéro 2.
Désormais, Val inspire certains des chefs du MNR.