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Leurs crânes sont des tambours...

Le journal qui mord et fuit...  

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   Gauche -
matraque

Julien Dray et le PS :
Touche pas ma police !

   


Les rats quittent le navire. Après le double naufrage électoral de sa filiale « gauche plurielle », le Parti de la presse et de l’argent (PPA) a procédé aux mutations par la voie interne de plusieurs conseillers « socialistes » : Yves Colmou, chargé de communication puis directeur adjoint de campagne de Lionel Jospin, est désormais salarié d’IBM, où il monnaye son carnet d’adresses en tant que « chargé du lobbying institutionnel ». Gérard Le Gall, chargé des études électorales au PS et, à ce titre, commanditaire des 627 905 euros de sondages qui donnaient Jospin vainqueur au second tour, exercera désormais ses talents au sein du groupe Suez, propriétaire de M6 1. Dans une chronique de L’Express (groupe Vivendi puis Dassault) titrée « Reconstruire la gauche », le plagiaire nomade Jacques Attali a déjà sommé ses camarades « socialistes » d’abandonner leurs derniers « archaïsmes » : « Les valeurs de la gauche ne devront plus se réduire à l’égalité et à la solidarité. [...] L’esprit d’entreprendre, l’apologie de la réussite, en partie intellectuelle, pour chacun et pour tous, deviendront des valeurs de gauche. » (13.06.02)

D’autres poussahs du PS ont choisi de retarder leur reconversion dans le privé, pour doubler sur sa droite le ministre de l’Intérieur et Petit traître balladurien (PTB), Nicolas Sarkozy. Député PS de l’Essonne, Julien Dray estime que la reconstruction de la gauche se fera autour de la police. Dans un entretien au Figaro, il explique : « Je suis la gauche, la vraie. Je suis populaire, au sens où je vis avec le peuple, celui qui gagne 8 000 francs par mois, qui galère dans les transports en commun et qui vit dans des quartiers difficiles. Eux n’ont pas les moyens de se payer une sécurité privée. Être de gauche, c’est représenter ces gens-là, leur garantir le droit à la sécurité. Alors, oui, je suis sécuritaire ! » (18.07.02) Cette déclaration oblige PLPL à rappeler que le représentant de la « vraie gauche » qui « vit avec le peuple, celui qui gagne 8 000 francs par mois », a acheté en 1997, dans un « quartier difficile » de Paris (place Vendôme, près de la Madeleine), une « montre à complication » à 250 000 francs [31 fois 8 000 francs, ndlr], dont 150 000 payés en liquide 2.

De « Touche pas à mon pote » à « Touche pas à mon policier », en passant par « Touche pas à mon Mitterrand » et « Touche pas à ma montre », les entrechats opportunistes de l’ancien fondateur de SOS-Racisme sont légion. Une équipe de chercheurs sardons a décortiqué les actes du débat parlementaire consacré à la loi Sarkozy sur la sécurité 3. Le rêve de Dray (devenir le premier ministre de l’Intérieur qui possède une montre à complication) est enfin exprimé à voix haute.

Extraits de la discussion sur la loi Sarkozy sur la sécurité à l’Assemblée nationale, 1re séance du mardi 16 juillet 2002 présidée par Jean-Louis Debré :


   

Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, achève de défendre son projet : Qui ne comprend qu'il faut désormais tenir compte de la désespérance des cinq millions de Français qui ont choisi le vote extrême ? (...) Que pèsent les protestations dites “anti-sécuritaires” lorsque la vie ou l'intégrité physique des forces de l'ordre sont en jeu ?

Noël Mamère dénonce la pénalisation de la misère. Il quitte la tribune sous les huées. Julien Dray monte alors à la tribune au nom du groupe socialiste.

Julien Dray : (...) A l'instar de Jean-Pierre Raffarin, nous pensons qu'un délinquant est un délinquant. Il n'y a pas ici, d'un côté les indécis, de l'autre les déterminés – n'en déplaise aux manichéens. Oui, il existe un terreau propice à la délinquance, mais cela ne justifie en rien l'acte délictueux. On ne choisit pas le lieu de sa naissance, mais on choisit sa vie – et l'on choisit de devenir délinquant. La société, dès lors, ne peut trouver d'autre solution que la répression – proportionnée à l'acte, et favorisant la réinsertion de l'individu. Pour le bien-être de notre pays, je ne peux que souhaiter votre succès. (...)Votre texte présente une certaine continuité avec le plan stratégique préparé par le précédent gouvernement. (...) Il faut être dur avec le crime mais aussi avec les causes du crime (ndlr: slogan lancé par Tony Blair). (...)

Nicolas Sarkozy, enthousiaste, répond à Julien Dray : (...) J'ai trouvé votre intervention courageuse et riche. Reposant sur votre expérience d'élu de terrain, elle marque votre refus d'une approche idéologique en ce domaine et je vous en remercie. Je vous remercie également d'avoir reconnu la difficulté de notre tâche, je suis, pour ma part, tout à fait conscient de celle de mes prédécesseurs. D'où l'esprit dans lequel je viens devant vous. Pourrons-nous travailler ensemble ? Pourquoi pas ? (...) Monsieur Dray, je ne saurais vous dire le plaisir que j'ai eu de vous entendre vanter comme vous l'avez fait le modèle américain. Jamais je ne serais allé si loin ! Je vous remercie !

Le président donne la parole à Manuel Valls pour une explication de vote du groupe socialiste.

Manuel Valls 4: Je me félicite de la courtoisie qui a empreint le débat entre le ministre et M. Dray. (...) L'insécurité est devenue la première préoccupation de nos concitoyens. (...) L'intervention de Julien Dray a été réaliste et objective. Elle indique que nous vous soutiendrons quand ce sera nécessaire, car nous savons que, trop souvent, policiers et gendarmes sont vilipendés et agressés. (...) Le débat, s'il est mené avec sérénité, permettra qu'un grand pas soit fait dans le rétablissement de l'autorité de la République. La motion de Julien Dray doit donc être appuyée massivement.

Maurice Leroy intervient pour le groupe UDF : Le groupe UDF salue l'intervention de Julien Dray. (...) MM. Dray et Valls ont su faire preuve d’esprit de responsabilité (...)

Pascal Clément (madeliniste de la première heure) : Je dois avouer mon émotion devant le concert de louanges qui s'abat sur la tête de ce pauvre Julien Dray, qui n’en demandait pas tant...

Enchanté de sa prestation, Julien Dray plastronnera plus tard : « Globalement, nous avons été plus offensifs que ne l’attendaient nos adversaires 5» La réconciliation autour de la police de Pascal Clément, ancien militant d’extrême-droite, et de Julien Dray, ex-membre de la Ligue communiste révolutionnaire, aurait été soudée par un bon mot de Clément : « Entre Julien et l’UMP, les seules choses qui restent compliquées, ce sont les montres ! »

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1 Le Canard enchaîné, 28 août 2002.

2 Régler en espèces une telle somme est interdit par la loi, que fabrique le député Dray. Dray fut donc interrogé par ses amis de la police. Ce gredin a néanmoins été aussitôt relâché, au risque de le voir bientôt terroriser avec ses liasses d’euros d’autres bijoutiers des quartiers difficiles, comme Van Cleef & Arpels, rue de la Paix à Paris. Les montres à complication restent d’une extrême précision pendant des décennies ; la « maîtrise du temps » fait partie des fantasmes habituels des grands patrons et autres hommes de pouvoir.

3 La loi de Sarkozy, maire de Neuilly-sur-Seine, gonfle le budget de la police et favorise la répression des Sardonets (jeunes Sardons).

4 Manuel Valls, ex-conseiller en communication de Lionel Jospin, a déclaré au cours d’une réunion préparatoire du groupe PS : « Arrêtez ! On n’a pas été battus aux élections par trop de social-libéralisme, mais par trop de social-laxisme ! » (Le Canard enchaîné, 24.07.02)

5 Le Monde, 9 août 2002.