Pour lire pas lu

POUR LIRE
PAS LU

 

 

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Leurs crânes sont des tambours, leurs crânes sont des tambours. Écoutons le son qui en sort.

 

  

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  Dossier :   LES FAUX
  IMPERTINENTS

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Guillaume Durand n’attaque que sur les courts de tennis
G
uillaume Durand est un gentil. Quand il écrit un livre narcissique et niais, il le dédie « à ses parents ». Mais Guillaume n’est pas si bête que ça. Après papa et maman, il n’oublie pas de lécher ses employeurs passés et futurs. Des géniteurs sans doute moins affectueux mais plus riches de promesses que les autres. Son bouquin est donc également dédié « à Europe 1 qui m’a vu naître deux fois grâce à E.M. [Étienne Mougeotte, directeur de TF1] et J.B. [Jérôme Bellay, directeur d’Europe 1]. » Car Durand a fréquenté preque tous les héros de la démocratie : « J’ai travaillé pour Jean-Luc Lagardère, Silvio Berlusconi, Robert Hersant, Patrick Le Lay, Etienne Mougeotte, Jérôme Bellay, Yves de Chaisemartin, Patrice Duhamel, Jérôme Seydoux et Jean-Claude Dassier. »

      
Guillaume Durand :
« Papa vote Cohn-Bendit et maman Bayrou. Comme tout le monde,
j’ai versé une larme pour la disparition en mer de John John Kennedy »

      

Guillaume Durand pense comme une limace. Une gentille limace. Il a déjà annoncé qu’il voterait oui au référendum Chirac/Jospin : « De toute façon, ce mandat de sept ans est une absurdité tricolore totale. » Et il avait adoré la dernière grande initiative humanitaire des deux cohabitants : « Ils font la guerre du Kosovo. Ils ont raison. » Ses parents l’ont bien calibré : « Papa vote Cohn-Bendit et maman François Bayrou. Comme tout le monde, j’ai versé une larme pour la disparition en mer de John John Kennedy. » Ce jour-là, PLPL s’est plutôt marré en pensant : un dadais fringué de moins !

Guillaume Durand est à l’aise. Viré par Canal, qui le payait 250 000 francs par mois pour perfectionner son tennis, il a touché 4 600 000 francs d’indemnités de licenciement alors qu’il n’avait passé que deux saisons aux commandes d’une très médiocre émission-salon. Le presque-chômeur Guillaume a été embauché aussitôt par Europe 1 (chez ses copains Bellay et Lagardère) et par TF1 (chez son pote Mougeotte). Il a également accepté de présenter sur La Cinquième un « Journal de l’Histoire ». Mais en précisant : « Ça correspond davantage à mon côté militant. »

Si Guillaume est un militant de choc, c’est un historien de toc. Interrogeant il y a quelques mois une spécialiste de l’Espagne contemporaine, il a pris un air de profonde réflexion et demandé : « Comment expliquez-vous que l’Espagne se soit donnée à Franco ? » Stupeur de l’historienne : « Permettez-moi de vous dire qu’elle ne s’est pas donnée à lui ! Il l’a prise de force ! »
Sacré Guillaume !

Aussi nomade que son ami Jacques Attali, Durand est plus mélancolique encore que la Dame aux camélias : « Je n’avais pas d’appartement, pas de maison, juste une voiture qui fonçait avec un cheval cabré. Je respire comme une anémone dont les feuilles de velours violet s’effondrent avec douceur. »

Guillaume a aimé. Surtout « François Mitterrand, ce frisson inégalé pour un journaliste. » Mais il n’est pas veuf depuis le râle final du frisson inégalé. Il conserve des copains bien introduits et encore vivants : « Poivre m’a demandé de faire la cuisine chez lui et m’a proposé la direction d’un magazine masculin. » Field et Delarue sont « de vrais camarades de bourrasque. Humains. » BHL, lui, l’adore. Il faut dire que personne d’autre ne l’avait jamais comparé à la fois à Sartre, Althusser et Simone de Beauvoir. Juste retour d’ascenseur, Georges-Marc Benamou, un laquais de BHL, a expliqué : « Durand a fait un livre magnifique, qui ressemble à L’Arrangement d’Elia Kazan. »

S’il est « le soir épuisé de plaisir par la lecture du Nouvel Observateur », Guillaume adore aussi Le Monde. Sa « lecture tous les jours à 15 heures » est même l’un des « désordres amoureux indispensables à la survie »… de Durand. Peu rancunier, le quotidien mondain et mou a promptement conseillé de dévorer le bouquin de Guillaume : « On devrait certainement faire lire ce texte dans les Écoles de journalisme. » Le fiston de Durand sait également soigner ses relations. Son meilleur copain, Julien Védrine, a pour papa l’actuel ministre des affaires étrangères. Et ça, ce n’est pas PLPL qui l’a appris : c’est Guillaume qui s’en flatte…

Guillaume Durand est lucide : « J’ai échangé la fréquentation des journalistes pour celle des mondains. Je me méprise ». Et sa lucidité est traversée de regrets : « J’aurais adoré combler mes déceptions sentimentales par un bon militantisme trotskyste. Tous mes copains navigaient entre la Ligue communiste et Lutte ouvrière. » Mais Guillaume manqua de courage : « Je n’ai aucune envie de finir comme les fusillés de Goya. » Il a eu bien tort de s’effaroucher, le pauvre : il aurait peut-être fini comme Field. Heureux de tutoyer à la fois Krivine, Plenel et Sarkozy. Un vrai destin de roi.

Ndlr : Presque tous les extraits cités sont tirés de Guillaume Durand, La Peur bleue (Grasset, 2000).