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Leurs crânes sont des tambours, leurs crânes sont des tambours. Écoutons le son qui en sort.

 
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Pourquoi le quotidien de Serge July exècre-t-il les auteurs simultanément dotés d’un cerveau et d’une colonne vertébrale ?
Pourquoi Libération déteste-t-il l’intellectuel américain Noam Chomsky en particulier ?
PLPL peut désormais le révéler.   

L’apnée intellectuelle à laquelle Libération convie ses fidèles est périlleuse : les abîmes atteints dans les années 80 ont découragé les plongeurs les plus endurcis. Les pages « Rebonds » du quotidien sont les plus profondes. Là s’épanouit le tennisman Alain Duhamel, là grouillent les points de vue préalablement désinfectés de toute réflexion, les manifestes les plus sordides et les plus niais, ceux que même Le Monde a dû refuser de publier. Mais dès qu’il s’est agi du livre de Noam Chomsky sur le Kosovo (Le Nouvel Humanisme militaire) l’indolence du clapotis balladurien s’est transforme en coulée de haine — ans doute parce que le linguiste américain n’apprécie guère la presse française qu’il juge d’une veulerie exceptionnelle. Un intellectuel serge-julyste aussi fanatique qu’obscur a donc glapi contre Chomsky : « Salmigondis allumé et sectaire… méthodes de ficheur au sens policier du terme… amalgame… insinuation… intimidation… délation… révisionnisme… imposture, etc. » (Libé, 14/4/2000). Un mois plus tard, Libération récidivait en stigmatisant les « errements du linguiste américain, obsédé de la dénonciation de l’impérialisme occidental » (25/5/2000).

Pour Libération, ce dernier crime est en effet gravissime : Serge July voit dans l’Amérique le grand pays où, la panse pleine, « on peut acheter une chaîne hi-fi à trois heures du matin ». D’une telle analyse découlent presque tous les choix de politique étrangère de son journal depuis vingt ans. Noam Chomsky, justement, a rendu compte des travaux d’un chercheur sur le traitement médiatique de la guerre conduite au Nicaragua dans les années 80 par des milices d’extrême-droite liées à la CIA. Sa conclusion : « Le journal européen le plus honnête était The Guardian, de Londres ; le pire de tous était le quotidien parisien Libération, super-reaganien à l’époque, allant au-delà des pires journaux des États-Unis dans son adhésion à la propagande du gouvernement américain. » (Le Diplo, août 1998)

À l’époque, July avait pâli et juré de se venger comme un plat froid — qui l’aurait rendu encore plus gras. D’où, deux ans plus tard, l’attaque contre Chomsky. Hélas pour July, PLPL l’a appris (voir le document ci-dessous).

Depuis, Libération cherche à se vendre. Et Serge July a rédigé la petite annonce dans le style qui a soudé une génération d’analphabètes : « Libération est un journal libre, qui le prouve, nous l’espérons, chaque jour, en allant à l’encontre des idées reçues, y compris les nôtres, en étant pleinement Libération. C’est-à-dire le quotidien de toutes les libérations, le quotidien de la société, le journal enfin qui réfléchit à l’actualité d’un monde sans cesse changeant. Nous souhaitons que tous nos lecteurs participent à la réussite de cette entreprise de la liberté. » (Libé, 3/3/2000) Ce texte adipeux a provoqué l’hilarité générale.
      

Dans une lettre à Jean-Michel Helvig, responsable des pages « Rebonds », un groupe d’universitaires pourvus d’un cerveau et d’une colonne vertébrale réagissait ainsi à la critique du livre de Noam Chomsky publiée par Libération : « Nous devons dire notre stupéfaction devant le traitement réservé à Noam Chomsky dans le numéro du 25 mai 2000 de Libération. Fait inhabituel, le "Rebonds" de Chomsky est précédé d’un chapeau de Jean-Michel Helvig qui prend parti de façon péremptoire pour Yves Laplace et l’article qu’il a publié antérieurement dans Libération contre le livre de Chomsky Le Nouvel Humanisme militaire. Leçons du Kosovo. Selon Jean-Michel Helvig, il n’y aurait pas eu d’invective contre Chomsky, alors que ce dernier est accusé d’imposture par Yves Laplace » (8 juin 2000). Puis, rappelant le propos de Chomsky, ils disséquaient les bassesses d’Helvig et la médiocrité de son porte-plume Yves Laplace.

Jean-Michel Helvig, qui pas plus que son patron n’aime les intellectuels pourvus d’un cerveau et d’une colonne vertébrale, leur fit le même jour la réponse suivante : « Nous avons publié une critique d’un livre de M. Chomsky, M. Chomsky a répondu sur une distance [sic] au moins égale à la critique (ce qui est exceptionnel dans le genre…), j’ai rappelé qu’au regard du texte initial de Yves Laplace il ne répondait pas au fond du sujet, j’ai exprimé effectivement une inclination positive en faveur d’un des deux interlocuteurs qui ne devrait pas vous surprendre compte tenu des positions éditoriales de Libération, […] j’ai voulu en rester au Kosovo, et, pour finir, nous en resterons là, dans l’immédiat, s’agissant d’une polémique à propos d’un livre dont, sauf erreur de ma part, nous aurons été les seuls à peu près en France à signaler la parution. Comme vous semblez penser que la seule lecture du livre de Chomsky fera litière de toutes les arrogantes critiques que de sombres crétins vendus à l’impérialisme ont prétendu exercer sur les œuvres du grand homme, vous devriez nous remercier d’en avoir seulement parlé. Et vous comprendrez que la parution de votre texte ne me semble pas utile pour éclairer des lecteurs qui ont déjà eu tous les éléments en main pour se faire une opinion. Y compris à notre détriment. Bien à vous. »
   

Noam Chomsky :
Helvig est un crétin

C’est ce que nous explique, en substance, le célèbre linguiste américain, en exclusivité pour PLPL : « Mes rapports avec Libération remontent à plus de vingt ans. À l’époque, je leur avais accordé un entretien. Ils ont exigé que j’en supprime les passages qui ne leur convenaient pas politiquement. J’avais naturellement refusé. Leur refus de publier aujourd’hui la lettre [qui vient de leur être adressée] ne m’étonne donc pas. Il est scandaleux, mais il reflète sans doute assez précisément la moralité intellectuelle de ce journal et la règle qui veut qu’une phrase lui suffit pour diffamer alors qu’il faudrait toujours au moins un paragraphe pour se défendre. Ainsi, Helvig continue à ressasser l’idée selon laquelle je relativiserais les crimes de l’ennemi en les comparant à ceux dont Helvig – et moi même – sommes responsables puisqu’ils ont été commis par nos gouvernements. Apparemment, Helvig a été incapable de comprendre ma réponse à cette accusation. Pourtant, l’analyse que je faisais n’excédait pas, à mon avis, les capacités intellectuelles d’un enfant de dix ans. »