Dans son édition du 21 décembre 2001, Le Monde consacrait un nouveau portrait pleine page à… Jean-Marie Messier. Titré « La deuxième vie de Jean-Marie Messier » et signé Martine Orange, l’article était essentiellement destiné à gommer les remous provoqué par la déclaration du patron de Vivendi sur la mort de l’exception culturelle française :

« UNE erreur. Il n'a jamais pensé cela. Il s'est toujours déclaré partisan de la diversité culturelle. » Au lendemain du rachat, lundi 17 décembre, de la société audiovisuelle USA Networks, l'entourage de Jean-Marie Messier essayait de rattraper la faute du PDG de Vivendi Universal et d'endiguer la polémique. Mais le mal était fait. Emporté par la fièvre d'une opération qui consolide la position de son groupe aux Etats-Unis, M. Messier a brisé le tabou : « L'exception culturelle française est morte », a-t-il lancé sans ambages. […] Avec cette manière très personnelle de mélanger le côté public et le domaine privé, les calculs et les sentiments, M. Messier, aminci et bronzé, lâche, ce jour-là, la nouvelle devant le Tout-Paris des affaires et du spectacle réuni au Centre Pompidou : il part avec toute sa famille habiter à New York. Ce qui devait être une simple remise de Légion d'honneur dans un lieu décalé — M. Chirac ayant refusé de rompre la tradition et d'organiser une séance pour le seul PDG de Vivendi Universal à l'Elysée — se transforme en cérémonie des adieux. Sous l'œil médusé de Jean-Louis Beffa (Saint-Gobain), de Marc Vienot (ex-PDG de la Société générale) et de nombreux autres grands patrons, "J6M", la main sur le cœur, entonne des chansons — dont le tube de Stevie Wonder I Just Called to Say I Love You. […] Il veut retrouver aux Etats-Unis le même statut qu'en France. Il est prêt pour cela à repartir de ce qui lui semble être zéro, recommencer une nouvelle vie. Mais il n'imagine pas abandonner les méthodes qui lui ont si bien réussi de l'autre côté de l'Atlantique : travail incessant, centralisation du pouvoir, rapidité des décisions, ténacité et aussi mise en avant systématique de son rôle. Au point que Jean-Marie Messier a fini, en France, par incarner seul Vivendi Universal. […] »