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 guy

 Programme.

 
 guy 
 

L'enfer tiède.
disques Lithium, L41, sortie Avril 2002. Distribution Virgin.

 
 

 

Je dis que la musique électronique c'est de la merde. Avec les moyens de la musique électronique Programme fait du bruit direct. En regardant Programme sur scène je dis combien la musique électronique peut être une musique morte, née de la fascination du produit et du conformisme technologique, type bien habillé qui hoche de la tête derrière son Mac portable, combien celle de Programme est brutale et engageante. Une musique qui est du rock dans le sens où ses racines sont là devant nous arrachées et brandies, nouées sur le cou, un sample de piano de rock'n'roll qui tourne comme moteur, une pose d'opposition et de dégout qu'on reconnait, le souffle de "funhouse" tout le temps là, vif et encore nouveau avec tout le reste de 2002 en plus, en plus pourri encore. "C'est bien".

Ils se tournent pour ne pas nous voir, pas voir que sur la scène c'est le spectacle et dans la salle le spectacle du public malgré tout. Pose de refus de ce qui est, qui me fait sourire car elle me plait, d'être contre tout ce qu'on connait. Je souris et le type debout passe une bouteille de rhum au premier rang, un flash de supermarché qui me fait penser aux voyages scolaires quant on se fait chier, aller-retour aux "femmes savantes" dans le bus des Terminales et qu'on est tous jetés, sans argent. On boit avec Programme. "On ne sait pas comment faire avec notre peur d'être heureux et le besoin d'avancer". La musique déchire l'ennui de ce désert de mort qu'elle décrit, le monde de la france qu'on connait et qui se transforme en guerre civile par le bruit direct qu'on écoute. Cette france qui est la guerre civile avec ses cadavres dans la rue, nos vies. Oui c'est ça, la bouteille a tourné et atteri dans les mains de mon fils.

Le spectacle des lumières qui veulent effacer le spectacle, se répète rouge, sourd, bleu, froid, la petite lumière dans la bouche et les yeux jaunis, ne plus être reconnu; seulement comme la bouche qui ne veut pas. Du renoncement, de l'individu qui se croit plus fort que l'individu, morcelé et tranché dans les usines du conformisme et de la peur, débités au kilomètre et qui se marchent dessus. À coup de lumière blanche dans la gueule le spectacle disparait, la lumière révèle qu'il n'y avait rien, que ce qu'on a vu c'était nous, que Programme c'est nous. Faire éclater tout ça vaut mieux.

La musique qui fait trembler tout parce qu'elle le peut "la seule chose qu'on promet, c'est de continuer jusqu'au bout". Nous tourner le dos et faire le singe, quand ça s'emballe alors je pense bruit direct. De vrais instruments, la guitare et le saxophone qui font le bruit viscéral et tordu par dessus les nappes de mots dans tous les sens, surajoutés par l'électronique dans le débordement de la destruction du confort moderne de l'électronique encore. "Quoi de neuf ?". Je dis que j'adore la musique électronique, bruit direct.

Votre,
Guy.

  

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