En attendant les barbares...
    

 
  Vlad Vlad  
 

24 mensonges par seconde.

 
 

Daté 07/10/2001.

 
 

    

« La mort est sale, banalisée, anonyme ». (1) La guerre c'est l'odeur du chloroforme, du sang et de la merde. Propos d'actualité, en ces temps où l'idéologie belliciste fait des ravages. Dans les rangs des vertueux démocrates occidentaux, pour lesquels les « bandes ethniques » des banlieues deviennent l'ennemi prioritaire d'un soi-disant ordre républicain —Chevènement dixit. Soyons clair : l'ennemi intérieur, celui qui a succédé aux « classes dangereuses » du XIXe s., les prolétaires, est dans nos murs. Ennemi à contrôler, neutraliser, voire à abattre, les bavures, les contrôles au faciès n'existent pas quand il s'agit de maintenir le moral des troupes ; après, on pourra s'occuper de l'ennemi extérieur, le cauchemar de l'occident chrétien, l'afghan barbare, l'islamiste sournois et meurtrier. Cela au nom de valeurs incontestées, Dieu, la Patrie et la Propriété, sinon par des hérétiques, relaps et autres traîtres, le devoir d'unanimité s'impose. Au nom de la solidarité de l'occident contre la barbarie. Question : qui sont les barbares ?

II

L'arrogance américaine est frappée au cœur, avec le crash du WTC, qu'on ne compte pas sur nous pour pleurer sur la « blessure narcissique » infligée à New-York, on se fout éperdument de Manhattan, de Gerschwin et de Woody Allen.
Nous n'aimons pas la mort infligée au nom d'Allah mais pas plus l'arrogance des vainqueurs, cette même arrogance qui, en 1944, prétendait imposer son protectorat militaire —l'AMGOT— en France. Nous n'aimons pas la saloperie de certains G.I.s qui utilisaient, dans le Pacifique, les ossements des japonais pour y sculpter d'esthétiques cendriers ; question saloperie, ça ne vaut pas mieux que celle de telle Fraulein de SS qui prisait tant les abat-jour de peau humaine tatouée, dans tel camp d'extermination.

Définition du Xxe s. : cloaca maxima. Ce putain de siècle est défunt mais les égouts débordent toujours ; la civilisation, ou ce qui en reste, ressemble de plus à un anus mundi. L'occident a pourtant changé d'ennemi, au fascisme brun et rouge a succédé le « fascisme vert », couleur de l'Islam. Les vertueux démocrates ont toujours besoin d'un repoussoir, pour légitimer leurs saloperies. En Europe comme en Israël, cet État si démocratique, tendance ethno-identitaire, qu'il exclut les arabes par tous les moyens, par la violence mais aussi par le droit, expropriations, ségrégation, démonisation ; voilà la politique très démocratique de l'État des juifs ; il y a nécessité de purification ethnique avant de reconstruire le troisième temple !

Réflexe élémentaire, pourrait-on dire, il est besoin de diaboliser l'ennemi avant de le tuer ! D'où l'importance de la guerre psychologique, en ces temps où la paranoïa collective devient la norme.

Ainsi, dans les pays riches, on se prépare à l'entrée en jeu des armes N.B.C.. Face aux menaces bio-terroristes, qu'importe alors la restriction des libertés minimales du citoyen, se déplacer, communiquer ou même penser. Gageons que Chevènement, cet obsédé sécuritaire, n'y trouve rien à redire.

Pour nous, c'est total dégoût ! Mais, pas question de la fermer pour autant, surtout dans un monde qui fonctionne de plus en plus sur cette norme : 24 mensonges par seconde ! CNN, Fox News, Euroshit et autres Canal-Messier-Vivendi, même combat ! Il devient urgent de décontaminer.

(1) Pierre Miquel, Les Poilus, Plon.