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CENSURES.

 
 

 
Daté 17/07/2000.

 
    

douce France ! Terre de Culture et de Liberté qui se vautre d’une manière obscène dans l’adoration des mercenaires du sport et de leurs difficultés à boucler les fins de mois. Le crâne de Barthez, tatoué du logo McDo, a désormais valeur d’icône nationale ! Quant à la conscience morale des footeux avec leurs sourires crétins, elle travaille bien sûr dans le sens de l’intégration. Intégration à quoi au fait ? au droit imprescriptible à bouffer de la merde et à vivre dans le sordide, avec en prime l’illusion d’un rêve trash : transcender son statut de looser tout en s’y résignant. Les rêves des pauvres ne provoquent plus désormais de cauchemars chez les riches —tout au plus du mépris. Des milliers de crevards financent par leurs appels téléphoniques la dernière production de TV Bouygues, histoire d’accéder, en prime time, au fric et à la consommation. Accéder aux miettes d’un univers clinquant et vulgaire, où l’esclave ressent d’autant moins le poids de son carcan qu’il est abonné aux joies du crédit revolving et du porno cablé !

point « Tout va péter » pourrait-on penser. Discours illusoires car les révoltes qui marquent le présent —révoltes identitaires— traînent parfois de sales relents. Ainsi, le lumpen des « banlieues » ne vaut guère mieux, dans certains cas, que la lumpen-bourgeoisie, les crevures qui occupent les pages people des tabloïds ! Le Riche utilise son droit à la violence légale, droit que lui confère l’ordre économique dominant, mais aussi son statut, sa relation privilégiée à l’institution.
Le Pauvre utilise aussi la violence. Contre l’institution qui le démolit, mais aussi pour enfoncer l’autre dès qu’il est le plus faible. La sub-culture des « banlieues » peut être l’expression de la haine sociale (haine de la relégation) et, à ce titre, elle est légitime. Mais cette culture des minorités est parfois très conformiste : culte du bizness, obsession de la réussite (ramasser la caillasse !) ; respect de valeurs rétrogrades. La révolte des banlieues est parfois ambiguë : rupture avec un certain ordre social, mais aussi acception d’un certain statu quo —où l’État-Providence sait distribuer les crédits et l’argent social, pour faire tomber la pression, tout en acceptant l’économie souterraine, aux marges de la légalité, dans certaines limites. Assister, réprimer et tolérer, en quelque sorte. Face à l’État, les nouvelles « classes dangereuses » doivent se contenter de ce qu’on leur offre. L’enjeu est clair : ne rien changer, en abreuvant le pauvre de quelques exutoires : revenu minimum, discours sur la citoyenneté et diffusion massive d’opiacés sous la forme des nouveaux jeux du cirque ! Tiens-toi tranquille car après tout, la roue de la fortune peut tourner. En attendant, tu as droit aux euphorisants, selon tes goûts et ton âge. Au choix : TF1 et la Française des jeux. Subutex ou cocaïne. Pour l’effet, c’est pareil. Anesthésie totale.
Bien évidemment, certaines belles âmes vient dans la sub-culture des banlieues l’expression d’un droit à la différence politiquement correct. Il faudrait faire le tri et d’abord, ne pas compter sur le lumpen version « caillera » pour changer quoi que ce soit ! Ce qui intéresse le lumpen c’est de profiter du système tel qu’il est : frime, fric, marques et sigles —bref, tous les signes d’une reconnaissance sociale qui font de lui une partie prenante du système. Le prolétariat ethnique, élément actif de la Révolution ? Il pense plutôt à niquer l’autre, attitude aussi puante que celle des nantis, qui utilisent eux, la violence de la loi à leur profit.

point Justement, parlons-en de la loi ! On savait depuis un certain temps que l’État opprime et la loi triche. Même si les bourgeois démocrates n’aiment pas le rappel de ces vérités élémentaires. C’est curieux ! Le chef de l’État (français), habilement conseillé par le Medef et la Fondation Saint-Simon vient d’exhumer une vérité essentielle : « La démocratie doit être rendue le plus possible aux français. » (Le Monde, 16/07/2000). Est-ce à dire qu’elle avait été confisquée par quelques oligarques malfaisants ? depuis quand au fait ? 1958 ou bien avant même ? Les français, paraît-il, éprouvent le besoin qu’on leur demande leur avis. À condition bien sûr que cet avis soit en phase avec les sages décisions prises par l’exécutif ! Il est bien entendu qu’en démocratie, le gouvernement aime le peuple, à la condition que le peuple aime le gouvernement ! Vous avez le droit de dire oui, mais pour le reste, bouclez-la ! Modernité du nouveau contrat social !
Loin de nous la pensée qu’en France, la démocratie soit en panne —la majorité a toujours le droit d’imposer sa connerie à la minorité ! même si parfois la connerie d’une minorité, celle, par exemple, de la tribu catho-intégriste —ces sous-produits de la Contre-révolution — a droit au chapitre ; avec la bénédiction d’une institution aussi « digne » que le Conseil d’État.
Ce qui ne nous étonne guère : juristes et magistrats, sauf exception, ont toujours manifesté une remarquable souplesse d’échine face à l’ordre établi, quel qu’il soit. Combien de magistrats ont refusé de prêter serment au sinistre régime de Vichy ? Peu sans doute. Comment oublier que tel remarquable spécialiste de droit constitutionnel a développé d’érudits commentaires sur le statut des juifs édicté par l’État Français et ses sbires ?

point Le récent classement X de tel récent film n’est que le produit d’une longue tradition et, on le sait, les juristes aiment la tradition. Le travail des juristes est paraît-il « limpide » : il consiste à dire le droit tel qu’il est écrit. À ce compte là, l’ordre des choses est intangible. L’ennui est que les choses changent ! du moins, la complaisance des juges vis-à-vis du lobby néo-pétainiste a au moins un mérite : écorner la mythologie démocratique ; nous démontrer que dans le cadre d’un prétendu état de droit, le citoyen est toujours en liberté surveillée. Et qu’il n’est pas sans importance d’en tenir compte !

 
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