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l fait chaud, vraiment trop chaud, le ciel est lourd, j'ai couru
comme un con pour pas rater ce train qui en plus est lui même en retard, grrr... Dire que
je ne serais pas de retour dans mes pénates avant très tard. Mon esprit ouvert d'homme
de gauche a failli voler en éclat lorsque j'ai vu mon chemin barré par une manifestation
de vélos au centre de Toulouse. Normalement j'aurais dû les trouver sympathiques, mais
là j'étais limite de sortir le M16 et de tirer dans le tas. À tête reposée, n'empêche qu'ils ont raison de vouloir limiter
l'accès des autos dans le centre ville, surtout qu'au bout des allées Jean Jaurès, là
où je les ai croisé un piéton se fait trucider chaque mois à cause de la déficience
mentale des gens de l'équipement : il y a là un superbe carrefour où le petit bonhomme
vert te dit que tu peux traverser alors que ceux d'en face arrivent plein fer....
Pourtant c'est joli Toulouse, je devrais pas m'emporter comme ça.
Je suis descendu du train à 5h50 (putain c'est tôt) après avoir réveillé le wagon
tout entier avec mon nouveau super téléphone portable de kéké qui fait réveil. Pour
me sortir la tête du cul, direction le café de la gare pour prendre justement un
énaurme café. Ici le contraste saisit : un cadre chicos, rempli d'épaves et de
défoncés. Je m'éternise pas trop, et vu qu'il me reste environ 3 heures à tuer, je
vais me promener dans la vieille ville. Le seul problème, c'est que tout est carouble, on
est dans le sud, faut pas oublier que la proportion de feignasse au mètre carré est
plutôt importante. Heureusement la place du Capitole fournit de quoi passer le temps :
moult stands de marché où on vend du vinyl, du livre, de la k7 vidéo et plein de cd de
musique diverses et (a)variées.
Comme je le disais je reprends mon train, il fait toujours aussi
chaud. Comme à son habitude, le wagon fumeur n'est absolument pas climatisé. Le wagon
fumeur est plutôt stratégique comme endroit, vu qu'il cristallise la faune ferroviaire.
Et ça ne rate pas : à Béziers monte tout un troupeau de pseudo-punks routards vraiment
crasseux, dont la gentillesse n'a d'égale que la capacité à être défoncé avec tout
ce qui passe sous la main du matin au soir.
Un de ceusses-là, moins punk que les autres se lance dans une
démonstration bruyante du traitement qu'il réservera à son voisin de compartiment, si
celui-ci s'avise à lui siphonner sa bière chaude. "Parce que tu vois, j'ai fait
cinq ans à Fresnes, et si tu me fais chier, je t'encule, et après je te jette du train !
".
Tout à coup, le portable de mon voisin de derrière sonne. "Ouah c'est qui le
bourgeois qu'à un téléphone ! Eh le bourge, donne- nous de la thune, on est super
raides !"
"Les cocos, je suis pas un bourgeois, d'abord et la thune ça se demande poliment. Et
toi t'étais où à Fresnes, dit mon voisin en s'adressant à au taulard sodomite, parce
que moi j'en ai fait dix de piges, alors t'étais dans quel bloc ?". S'ensuit une
conversation d'anciens combattants, seulement arrêtée quand le train stoppe à nouveau,
cette fois-ci à Sète. Les renforts arrivent : un idiot torse-poil et un crétu à peine
en état de marcher équipé de ses obligatoires chiens. On fait très vite connaissance,
vu qu'ils me tapent des clopes. La conversation va bon train, grâce à Saint-THC et
Sainte-Heineken. En fait, les nouveaux ne connaissaient pas les anciens, mais ils se
rendent tous à une super rave dans les bois après Montpellier, et je dois bien avouer
que je serais curieux de voir ça.
Seulement voila, embrouille : lors de l'arrêt à Montpellier, le
crétu et les chiens sortent du train, mais c'était pas le bon endroit, vu qu'il fallait
descendre à Nîmes. L'embrouille la voilà donc : les deux chiens sont restés sur le
quai à Montpellier.
- "Merde, mais jchuis con, qu'est-ce que je vais faire. Si je les retrouve ces deux
enculés, je vais les tuer! "
- "Mais parle pas comme ça, répond le taulard, c'est pas de leur faute, ils t'on vu
descendre. Bon ce qu'on fait, c'est que tu retournes chercher les chiens à Montpellier,
et tu nous rejoins à la teuf. D'ac ?"
- "Ouais, si tu veux, mais elle est où la teuf ?"
- " Chai pas, mais voila le numéro de téléphone de la fille qui nous a branché
sur le plan. Tu nous appelle quand tu as retrouvé les clebs".
Le pauvre est vraiment super mal, d'ailleurs il en décrochera plus
une avant de descendre. Les autres n'en sont pas franchement abattus, et c'est aux cris de
la "jeunesse emmerde le front national" et "mort aux fachos" qu'ils me
laissent seul avec un ennui qui va devenir de plus en plus mortel au fur et à mesure que
je remonte au nord et que la pluie tombe.
Lyon - Perrache : 0h57. Sous une pluie merdouilleuse je descends
les horribles escalators pour retrouver la poignée de fidèles qui s'est sacrifiée à
m'attendre dans un bar de la place Carnot. L'épreuve dut être rude gastriquement, car la
plupart rentre piteusement se coucher après m'avoir quand même fait une petite bise. |
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