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 Donner un sens au vote blanc.

 

 


Homme libre ! 30/08/01
   

 

 

    

e suis citoyen français, je ne vis pas en démocratie ! Ceux qui se prétendent mes représentants sont des femmes et hommes qui ont pris le pouvoir (je voudrais tant qu'ils/elles prennent plutôt leurs responsabilités) au résultat d'un processus où, sans les non-inscrits aux listes électorales, sans les abstentionnistes, sans les votes non-exprimés, ils/elles ne représentent que le choix d'une petite minorité. Je ne les reconnais donc pas comme mes représentants !

 La facilité est de considérer que la responsabilité de cette situation appartient aux citoyens qui n'ont pas appliqué leur devoir d'expression électorale. Mais je veux témoigner qu'une grande partie des citoyens français n'ont précisément aucun moyen d'exprimer leur opinion ! Aux dernières élections, j'étais candidat conseiller municipal sur une liste apolitique. J'ai alors découvert la pré-élection, dans les coulisses de la république française, celle qui, par pressions morales, financières et tout ce qui est humainement imaginable mais difficilement attaquable en Justice (celle instaurée par les fameux représentants non-représentatifs), a finalement empêché la liste d'être présentée au choix des électeurs. La liste s'est en effet réduite proportionnellement au taux de ses membres les plus influençables ou avec les points de pression les plus manifestes. J'aurais alors voulu exprimer mon choix : « Aucun candidat ne me convient ! » Mais cette république ne me donne pas cette possibilité !

 Ainsi, je vois plutôt la responsabilité de cette situation dans le pouvoir législatif. Le vote blanc est, c'est inscrit dans les isoloirs, un vote nul ! C'est dommage, il pourrait représenter exactement mon opinion : « Aucun candidat ne me convient ! » Est-ce qu'un processus électif est démocratique si les citoyens n'ont aucun moyen de remettre en cause le choix électoral qui leur est proposé ? Est-ce qu'un élu est un représentant si une majorité qui voudrait d'autres choix, n'a aucun moyen de le faire savoir ?

 Ce serait pourtant simple ! Une majorité de votes blancs dont la sémantique et les effets seraient établis au travers d'une nouvelle loi, et l'élection est annulée, reportée à un deuxième tour avec un choix plus large, reportée jusqu'à ce qu'un élu soit réellement, dans les faits, un représentant. C'est d'ailleurs le procédé appliqué pour des élections en entreprise lorsque le quorum n'est pas atteint. Les moyens concrets de rendre un panel de candidats plus ouvert ne sont pas limités, sinon par le manque d'imagination ou le désir manipulateur d'avoir des élections fermées, orientées, normalisées, dépendantes, oligarchiques. De même, s'en trouverait probablement catalysée l'imagination des candidats pour communiquer leurs projets avec des moyens plus aptes à convaincre ceux qui ne sont plus dupes de la rhétorique politicienne actuelle. Et ce sont probablement ceux qui souhaitent le plus pouvoir dire : « Je veux d'autres choix ! » En passant, si certains s'inquiètent de voir le droit de vote de moins en moins utilisé, je vois dans l'argument précédent un filtre qui permet d'analyser ce symptôme sous un jour beaucoup plus encourageant. Et si simplement, les citoyens étaient de plus en plus conscients des vraies valeurs de la démocratie ? De plus en plus conscients qu'elles ne sont pas vivantes dans les lieux de pouvoir actuels ?

  De plus, il y aurait un autre avantage de taille : les abstentionnistes, les non-inscrits ou même les votants extrémistes n'auraient plus l'excuse de manquer d'une expression de vote qui les représente. La république serait dotée d'un outil de mesure du déphasage entre le monde politique et le monde administré puisque les différences entre la non-inscription aux listes, l'abstention et le vote blanc seraient limpides ! Aujourd'hui, à chaque résultat d'élection, le choix majoritaire est le non-vote. Nous pouvons alors assister à un festival d'interprétations plus ou moins subjectives pour légitimer le statut d'une élection ou dénoncer l'élection d'un autre. Il me semble évident que le rôle urgent des législateurs est de prendre en considération ce fait de société et d'arrêter de se suffire de l'ersatz de démocratie dans laquelle nous vivons. D'avoir le courage de faire face à la situation et de savoir donner à la majorité des citoyens la possibilité de vraiment élire leurs représentants.

 Qui sera président de la république française en 2002 ? L'élu d'un système d'influence marketing ou l'élu des citoyens français ? Personnellement, je voterai pour celui ou celle qui, en actes, saura donner un sens réel à la " politique " et saura bannir ce qu'elle est devenue : une machine à pré-éliminer les représentants motivés par des principes créatifs pour leur préférer des acteurs de la Norme motivés, avant tout, par le pouvoir et tous ces effets liberticides inhérents. La démocratie est le pouvoir par le peuple ; seul un vote blanc explicite et effectif lui donnerait, dans les faits, le pouvoir d'enrayer la machine précitée.
    

 

   
    

  
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