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BDM

  Sainte francfort.

 
 

bdm  Le 2 novembre 2000.

 
 

 

Argument :
l’entrée dans nos mœurs hexagonales de la célébration d’origine yanqui d’Halloween sera l’occasion d’une petite ratiocination résumable ainsi : davantage qu’une américanisation ou une sécularisation, son succès s’avère celui, douloureusement banal, d’une marchandisation continuée du monde.

 
 

 

nos vies sont sujettes à des temps sociaux ; organisations et alternances calendaires, fêtes carillonnées, commémorations républicaines, anniversaires et « rendez-vous » marchands les ponctuent.
Le pouvoir sur les temps sociaux participe, avec d’autres, du pouvoir plus général d’ordonnancement et de domination des catégories de pensée ; aujourd’hui, ce pouvoir est dévolu au Marché.

pointg.gif (57 octets) L’Église en eût le contrôle, réorganisant la journée, les semaines, l’année. Elle a recyclé les fêtes païennes, les raouts saisonniers en autant de fêtes votives, consacrées à ses figures emblématiques ; notre semaine mime la divine création du monde. Les protestations des prélats d’aujourd’hui envers « Halloween-fête païenne » ne dénotent que leur impuissance à récupérer cette fête-là ; l’Église catholique et romaine n’a plus ce pouvoir, son temps est dépassé, c’est tout.

pointg.gif (57 octets) Ainsi, la République fut trop faible pour imposer le calendrier révolutionnaire non plus que les commémorations robespierriennes. Elle a glissé ça et là quelques cérémonies républicaines, moments fondateurs, victoires contre l’Étranger ; le mouvement ouvrier a quémandé son 1er Mai. Le droit bourgeois a surtout entériné le temps religieux avec quelques enjolivures.
Faute de pouvoir déplacer le 1er Mai au Labor’s day, des néo-gaullistes viennent de proposer, après les libéraux-avancés®, la suppression du 8 mai, le prétexte de réconciliation avec l’Étranger masquant mal l’objectif de lutte contre la désorganisation productive inhérente au joli mois.

pointg.gif (57 octets) Alors, faut-il adhérer au slogan, unificateur des « rouges » et des « bruns », scandé sur l’air de l’anti-impérialisme, « Halloween-fête américaine » ? Je ne le crois pas, sauf à confondre Grand Satan et Marché.
Le Commerce a besoin d’atours symboliques pour enchanter les tristesses de sa Marchandise, de vivifier régulièrement ses ternes oriflammes, d’aiguiser nos appétits de goinfres repus.
La symbolique yanqui est plus facile à imposer, elle a l’évidence des discours de l’économie-monde : tout comme on essaie vainement de penser l’économie hors des schèmes de son néo-libéralisme, l’imaginaire est habillé à sa mode ; films, séries et cartoons nous ont familiarisé de longue date avec la citrouille et ses avatars. L’obstination d’un producteur de masques et cotillons en mal de débouchés moins saisonniers a fait le reste.
D’Outre-Atlantique viendront peut-être ensuite Labor’s day, Thanksgiving et autres célébrations insolites ; déjà, nos boursicoteurs travaillent à cette heure américaine, la Saint-Patrick fait les délices d’un marchand de bières opportuniste. Mais, croyez-vous échapper longtemps à l’exotique nouvel an chinois (déjà les férus d’astrologie nous questionnent : es-tu cochon ou bien chien ?), à une quelconque fiesta laponne ou patagonne, pourvu qu’elle soit pittoresque et située à un moment « creux » de l’agenda commercial ? Peut-être sommes-nous protégés, par prudence xénophobe, des deux Aïd et du Yom Kippour généralisés… mais, entre fête des mères, des grand-mères, secrétaires, bière de mars et beaujolais nouveau, quelque soit leur provenance, pétainisme, marchands de café ou de fleurs, syndicats viticoles etc., le Commerce produit des leurres, enrobages et justifications divers pour gaver davantage ses petits gloutons fatigués, pour désaltérer l’âne qui n’a plus soif. Le Jour du Seigneur n’est plus lui-même qu’une forteresse syndicale désolée et mal défendue, la nuit un temps malheureusement hors du bon temps. La vague marchande engloutira tous les récifs du temps domestique pas encore domestiqué !

pointg.gif (57 octets) Halloween n’est donc qu’une péripétie de cette offensive marchande sur les temps sociaux, ses éclaireurs furent les « vecteurs d’achats » juvéniles, appuyés par les traîtres pédagogues.
Des petits cons braillards qui déambulent en exigeant leur dû au risque du caprice et des représailles, ce n’est après tout que l’ordinaire de la relation parentale contemporaine, parent-complice, parent-négociateur, parent-fournisseur.
Parents, interdisez Halloween à vos enfants, engueulez les éducateurs ! Ça vous fera le plus grand bien d’interdire un peu, vous qui n’êtes sans doute pas même soixante-huitards attardés…

pointg.gif (57 octets) Parenthèse : non, décidément, l’Aïd ne s’imposera pas, lui : pensez donc, un rite où les enfants sonnent à l’huis pour vous DONNER des gâteaux, PRÉPARÉS —et non achetés— par leurs mamans…

 
BDM
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