Le journal d'un homme moderne

 

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#240101
La cosa
—aka : je suis un crétin sentimental.

NM pendant La Chose, paraît-il

Vue ce soir, diffusée par un robinet à documentaires, « La Chose », film de Nanni Moretti, de 1990.
Le dispositif est le plus simple qui soit, l'auteur fit en 1989 la tournée de cellules du PCI dans toute l'Italie ; on y discutait de la proposition de la direction d'alors de "refonder" —encore— le parti, ses structures, et, même, de jeter aux orties son nom plus qu'octogénaire. On sait ce qu'il advint, le nouveau PDS (parti démocratique de la gauche...) relooké, reformaté au bon goût démocratique et abrité sous les branches de l'Olivier, parvint au  pouvoir. C'était le but ultime et merdique, il fut atteint.

Mais ce n'est pas notre sujet du jour ; le sujet est que j'ai encore pleuré. Comme devant un Douglas Sirk. Bizarre, non ?
C'est que je suis affublé d'un sale "romantisme révolutionnaire", maladie infantile et petite bourgeoise que fustigeaient les anciens partis "communistes" inféodés au "socialisme réel" d'antan.

Trop de braves gens défilaient, racontaient leurs espoirs passés, expliquaient simplement et noblement —parce qu'on apprenait aussi à s'exprimer en public, à exprimer une pensée et des sentiments élaborés, dans ces endroits-là, imaginez-vous !— , avec des notes préparées, parfois, toute la portée personnelle d'un engagement pour les autres, sans arrière-pensée d'intérêt ; ils parlaient des paysans du frioul, des travailleurs de la Fiat, ceux qui gardaient la tête haute lorsque le contremaître passait, elle racontait un tract ramassé dans la rue, il évoquait ceux qu'on réunissait pour leur apprendre à lire, à écrire, la comptabilité, "la gestion de la production".
Des gens qui comptaient le temps en Congrès (à l'époque du XVIIIe, au temps du XXIIIe...). Qui parlaient de leur histoire, mais aussi de l'Histoire qu'ils portaient, qui n'existe plus que par eux, parce qu'ils sont, jeunes ou vieux —allez, soyons pompeux— les survivants, les fantômes des espérances passées.

J'ai donc chouiné un brin, comme un bon con de téléspectateur, sur toute cette générosité,  cette fraternité gaspillée, ce gâchis malaxé par les staliniens ("les directions") d'hier, les néo-socio-démocrates d'aujourd'hui.
Que de tout cela il ne reste que quelques "acquis sociaux" à protéger, que des sondages fébrilement auscultés, c'est d'une tristesse infinie. C'est à pleurer.
Merci donc à Moretti —quelles que furent ses intentions— d'avoir été là, pour regarder, et montrer un peu aussi.

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