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Pierre Carles
   


 
 

La sociologie est un sport de combat de Pierre Carles
par
Jean-Sébastien Chauvin
Urbuz via Yahoo actualités, jeudi 3 mai 2001, 11h20


 

 

D'un sport de combat, voilà de quoi avait l'air Pas vu, pas pris, le précédent film de Pierre Carles. Moins un sport noble, d'ailleurs, qu'un jeu de massacre vengeur. Le réalisateur y enserrait l'ennemi jusqu'à l'étouffement, au moyen d'une machinerie infernale qui mettait à mort toute considération éthique au profit d'une logique de guerre sans état d'âme. À la fois mesquin et sans bornes (stigmatiser par tous les moyens la malhonnêteté crasse de quelques célèbres journalistes de télévision), le film provoquait une sorte d'hilarité maladive chez le spectateur par sa méticulosité inquiétante et retorse. La sociologie est un sport de combat en est l'antithèse, et la continuation de ce que Carles effectua dans la série "Strip Tease" : un véritable travail documentaire.

   On y suit donc Pierre Bourdieu, dans son travail journalier avec ses étudiants, ses collaborateurs, dans des colloques, à son bureau, tout ce qui de près ou de loin le renvoie à son activité professionnelle et intellectuelle. Carles ne filme pas un discours mais une pensée en mouvement qui, au jour le jour, se cherche. D'où cette impression d'étirement : la pensée se dilue puis se concentre, dans un mouvement de flux et de reflux à l'intérieur duquel un simple fait, une rencontre, une anecdote dans la "vie" du sociologue peut soudainement déclencher un mécanisme discursif chez celui-ci.

   Car Pierre Carles cherche moins ce qui (lui) rapporte, selon la logique utilitaire et comptable de Pas vu, pas pris, que ce qui naît devant sa caméra, se construit et s'épanouit, c'est-à-dire Pierre Bourdieu lui-même, sa transformation d'homme médiatique en personnage de cinéma, son accession à une réalité supérieure aux journalistiques images d'Epinal, moins sa pensée constituée (les concepts et idéaux définis de son travail) que son cheminement. Contrairement aux pantins mécanisés de Pas vu, pas pris, Pierre Bourdieu y a une totale liberté de mouvement. On respire.

Cote d'amour : 65 %

Fiche technique :
Interprètes : Pierre Bourdieu
Montage : Virginie Charifi, Youssef Charifi, Claire Painchault, Bernard Sasia
Production : C-P Productions et VF Films
Provenance : France, 2001
Durée : 146 minutes
   


  
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